Pourquoi le village olympique de Paris ne trouve pas d'acquéreurs malgré des prix cassés
Les promoteurs immobiliers qui construisent le village des athlètes pour les Jeux olympiques de Paris de cette année ont du mal à trouver des acheteurs pour leurs appartements une fois les Jeux terminés, en raison du ralentissement du marché immobilier français.
Le vaste complexe situé dans la banlieue défavorisée de Saint-Ouen, au nord de Paris, a été l'un des plus grands chantiers de construction d'Europe au cours des quatre dernières années et est désormais en voie d'achèvement avant le début des Jeux le 26 juillet.
Plusieurs des plus grands groupes immobiliers français y ont construit des tours résidentielles, qui accueilleront 10 500 athlètes pendant les JO avant d'être transformées en résidences privées, logements sociaux et logements étudiants.
Sur les 88 appartements mis en vente de gré à gré par le groupe Icade en juillet, "une dizaine" ont été vendus, selon un responsable de la société, les prix étant désormais en baisse d'environ 9% à 6.900 euros/m2.
Cela se compare favorablement au moins aux prix moyens parisiens d'environ 10 000 euros/m2.
"Les conditions de marché sont un peu délicates en ce moment avec la hausse des taux d'intérêt", a déclaré la semaine dernière Thibault Angles, responsable du programme chez Icade, à la chaîne BFM.
Le concurrent Vinci indique sur son site Internet avoir vendu moins de la moitié de ses appartements actuellement en vente, dont une centaine sont encore sur le marché.
Thomas Lefebvre, expert des sites immobiliers en ligne SeLoger et Meilleurs Agents, a déclaré que les ventes de logements neufs avaient chuté d'environ 30 % au cours de l'année dernière en France.
"Le marché a tourné très vite, assez brusquement", a-t-il expliqué à l'AFP. "Nous sommes passés de taux d'intérêt d'environ 1,0 pour cent en janvier 2022 à 4,0 pour cent aujourd'hui. Le nombre d'acheteurs a considérablement diminué.".
Les ventes médiocres au village olympique reflètent ce ralentissement plus large du marché immobilier parisien où les prix ont chuté de 2,4 pour cent l'année dernière, selon la plus grande agence immobilière du pays, Century 21.
Il s'attend à ce que les prix baissent de 5 à 10 pour cent cette année à l'échelle nationale.
"Certains promoteurs ont décidé de tester le marché pour leurs appartements (olympiques) bien à l'avance, d'autres attendront probablement", a déclaré à l'AFP une source d'une entreprise travaillant sur les infrastructures olympiques, sous couvert d'anonymat.
"De toute évidence, ils s'attendaient à des conditions de marché différentes il y a quelques années."
Les banques centrales occidentales ont augmenté leurs taux au cours des 18 derniers mois pour faire baisser l'inflation déclenchée par la guerre en Ukraine, ce qui a conduit les banques à freiner leurs prêts.
Le manque d'acheteurs au village des athlètes n'aura aucun impact sur les Jeux eux-mêmes ou sur le budget, mais le complexe de 3 000 appartements est un élément clé de l'héritage prévu de l'événement.
La plupart des nouvelles infrastructures des Jeux et du village ont été délibérément placées dans la région de Seine-Saint-Denis, au nord-est de Paris, en vue de régénérer la zone la plus défavorisée de France métropolitaine.
Dans un marché en baisse, une partie du défi pour les promoteurs consiste à attirer les familles de la classe moyenne vers une zone longtemps associée dans l'esprit du public à des lotissements délabrés et à une criminalité élevée.
"Ils ne les ont pas mis en vente trop tôt, ils les ont mis en vente à des prix trop élevés", a expliqué à l'AFP Selim Mouhoubi, qui dirige l'agence immobilière locale Stéphane Plaza à Saint-Ouen.
"C'est toujours une question de prix."
Il pense que les prix devront encore baisser de 5 à 10 pour cent.
Les développeurs insistent sur le fait qu'il n'y a pas lieu de paniquer et qu'ils ont le temps de leur côté.
Après la fin des Jeux olympiques et paralympiques, le 8 septembre, les appartements devront être modifiés et aménagés dans le cadre de travaux qui devraient durer encore un an.
"Le seul problème pour le moment, c'est le contexte. Ce n'est pas une mauvaise idée d'investir dans ce quartier", a ajouté Mouhoubi, qui a déclaré que les investissements dans les nouveaux transports et les écoles en faisaient l'un des quartiers les plus prometteurs de toute la région parisienne.
© Copyright AFP 2024. All rights reserved.