Roni Michaly, Galilee AM
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" Casse-toi riche con ! ". Une chose est certaine, en France on aime couper les têtes. En 2012, l'exil fiscal présumé du patron de LVMH, Bernard Arnault, en Belgique avait remué les tabloïds et la classe politique. Un an plus tard, l'homme le plus riche de France revenait vers la mère patrie, en retirant sa demande au plat pays. Ne nous quitte pas !

Ce feuilleton médiatique, bien au-delà de démontrer simplement la détestation de celui qui réussit par une certaine frange de la population, dénote également le poids de l'industrie du luxe et notamment du groupe LVMH dans l'économie française. Le luxe, comme l'aéronautique, est l'un de ces derniers villages gaulois dans la mondialisation dominée par les Etats-Unis et la Chine. En France, on n'a pas de pétrole, mais on a le luxe !

Cependant, bien au-delà des locomotives françaises (LVMH, Hermès, Kering, L'Oréal, ...), la thématique Luxe et lifestyle regroupe un nombre important d'acteurs issus de l'automobile, de la décoration, de la mode ou encore de l'hôtellerie et de la restauration. Au confins du savoir-faire, de l'héritage et de l'élégance, la thématique offre des biens et services exceptionnels, attribuant à leur clientèle une certaine distinction sociale.

D'un point de vue économique, ces entreprises jouissent d'un " pricing power " important expliquant le maintien de marges impressionnantes même dans un contexte inflationniste.

Cela s'explique notamment par l'Effet Veblen mis en avant en 1899, dans son ouvrage Théorie de la classe de loisir, par Thorstein Veblen. Selon l'économiste et sociologue américain, la demande pour certains produits, conférant notamment une estime sociale, croît avec son prix conduisant à une élasticité du prix positive.

A titre d'illustration, le sac Birkin, esquissé par Jean-Louis Dumas sous l'impulsion de la chanteuse et égérie américaine Jane Birkin, est devenu au fil du temps un modèle de prestige, d'exclusivité et de qualité. Ainsi, début 2024, Hermès a relevé d'environ 10% le prix de son sac à main dans ses magasins aux Etats-Unis, signe que la marque française fait en sorte que les produits les plus recherchés soient également les plus difficiles à obtenir.

Les sociétés de la thématique démontrent ainsi encore une fois leur capacité à être intemporelles, sur la cime entre héritage et innovation. En témoigne, leur déploiement important sur les réseaux sociaux depuis la crise du Covid-19 (via Tik-Tok et Instagram notamment) permettant d'attirer la nouvelle génération Z, issue pour la majorité des pays asiatiques.

Ainsi, selon une étude menée par le BCG et la Fondation Altagramma, cette population, très connectée et en pointe sur les sujets environnementaux, devrait représenter 40% des achats de biens de luxe en 2035, contre 4% en 2019.

D'un point de vue boursier, après une très belle performance de +20% en 2023 (proche du MSCI World) notre Indicateur Thématique Galilee Luxe et lifestyle progresse de +7,3% depuis le début de l'année (en date du 15 avril 2024). L'analyse boursière de la thématique permise par notre modèle nous donne deux indications.

Le logo du groupe de luxe français Kering à Paris
Reuters

La première est la disparité du niveau des valorisations entre les entreprises : l'italien Ferrari ressort avec un ratio PE (rapport cours sur bénéfices par actions) de 55x contre 14x pour Kering notamment. Cet écart s'explique par la disparité des biens et services présents dans la thématique, résultant à une catégorisation (ultra-luxe, prestige, premium) selon le rayonnement et l'image de marque, identifiée par Galilee Asset Management.

Dans un second temps, l'analyse historique nous apprend que la thématique résiste au ralentissement, mais pas aux récessions. On assiste ainsi depuis 36 mois à une normalisation des taux de croissance, après des années 2020 et 2021 exceptionnelles (croissance du chiffre d'affaires supérieure à 10%), coïncidant à des taux compris entre 5 et 9% proches des niveaux prépandémiques.

L'investissement est bien entendu possible à travers la sélection de titres vifs de qualité ayant une forte visibilité à moyen-terme (notre modèle de stock-picking met en avant le suisse Richemont, l'italien Ferrari et le français Hermès). Nous mettons cependant en garde l'investisseur sur le niveau de valorisation de ces sociétés, bien supérieur aux autres sociétés de la thématique.

Comme partout, la qualité se paye. Pour les épargnants souhaitant se positionner via la gestion collective, cela est rendu possible par une multitude d'OPCVM et d'ETF. A titre d'illustration, le fonds Pictet Premium Brand a la qualité d'investir à la fois dans les leaders du luxe et dans les sociétés de prestige, identifiées par la qualité et le savoir-faire de leurs biens et services.

Du côté de la gestion passive, l'ETF Amundi S&P Luxury permet de se positionner sur la thématique à travers une sélection de 80 valeurs représentatives de la thématique.

Le texte a été co-rédigé par Aurélien Lux (Analyste) et Roni Michaly (PDG) de Galilee AM