Les Verts voient du rouge sur les panneaux de pub géants de Paris
La beauté réside-t-elle dans l'œil du consommateur ?
C'est peut-être l'impression que de nombreux touristes ont de Paris, où de nombreux monuments de la ville - de l'Opéra Garnier à l'Obélisque de Louxor sur la Place de la Concorde et une partie du Musée du Louvre - ont été récemment recouverts de panneaux publicitaires géants.
Le parti écologiste des Verts, qui est depuis longtemps une épine dans le pied de la maire socialiste de la capitale française Anne Hidalgo, s'en prend à une palissade géante sur un nouveau magasin Louis Vuitton qui ouvrira prochainement sur la célèbre avenue des Champs-Élysées.
Le bâtiment, propriété du géant du luxe LVMH, est drapé d'un revêtement protecteur qui ressemble à une malle Louis Vuitton, l'un des produits phares de la marque.
Des conseillers écologistes ont écrit à Hidalgo pour remettre en question la légalité de la thésaurisation.
Les panneaux publicitaires sont autorisés sur les bâtiments historiques classés pour financer les travaux de façade, mais la loi stipule que les publicités ne doivent pas représenter plus de la moitié de la couverture de protection, insistent les Verts.
"Dans ce cas, nous parlons de plus de 50 pour cent, puisqu'ils couvrent également le toit", a déclaré à l'AFP l'homme politique vert Emile Meunier, co-auteur de la question.
Dans une déclaration écrite à l'AFP, les autorités parisiennes ont répondu que dans ce cas, "la bâche n'est pas considérée comme publicitaire car le bâtiment appartient à LVMH".
Les autorités "demanderont au propriétaire de payer une taxe de 1,7 million d'euros (1,8 million de dollars) pour la durée de son installation, qui devrait s'étendre jusqu'en 2027", précise le communiqué.
Il ajoute que les Architectes des Bâtiments de France, l'organisme officiel chargé de superviser la planification des bâtiments historiques, ont donné leur "approbation".
Contactés par l'AFP, ni LVMH ni le ministère de la Culture, en charge des questions de patrimoine, n'ont souhaité faire de commentaire.
Le fondateur et directeur général de LVMH, Bernard Arnault, est actuellement la deuxième personne la plus riche du monde après Elon Musk, selon Forbes.
Mais la boutique Louis Vuitton n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
Depuis plusieurs années, de nombreux bâtiments parisiens classés se cachent derrière d'immenses bâches publicitaires lors des travaux : le musée des Arts décoratifs dans une aile du Louvre ; le célèbre obélisque de la place de la Concorde ; l'Opéra Garnier, l'église de la Madeleine avec ses majestueuses colonnes grecques ; et quelques façades de la place des Vosges.
"Il faut qu'à un moment donné, les gens puissent profiter de la beauté de leur ville sans être agressés par des injonctions à consommer toujours plus", estime Meunier, qui se dit opposé "tout à fait au principe de la publicité".
"En tant qu'écologiste, je suis contre la publicité, notamment dans l'espace public ; je la considère comme une agression et une incitation à la surconsommation", a-t-il déclaré.
Néanmoins, Jeanne d'Hauteserre, maire de droite du huitième arrondissement où se trouvent les Champs-Elysées, a déclaré que dès son entrée en fonction en 2014, elle avait donné son feu vert à l'affichage d'affichage sur les églises en rénovation afin de réduire les coûts. et accélérer la rénovation.
Ancien responsable de la publicité, le maire du district a répliqué aux critiques, affirmant que laisser les bâtiments tomber en ruine deviendrait un danger.
"Le jour où ils auront quelque chose qui leur tombera sur la tête, ils seront contents !" dit-elle.
Quant au projet LVMH, "soit on aura une bâche moche, soit on aura une jolie bâche améliorée", dit-elle.
"À partir du moment où des travaux de restauration sont nécessaires, il faut qu'il y en ait un."
Les passants sur les Champs-Élysées ont exprimé des sentiments mitigés à propos des panneaux publicitaires Louis Vuitton.
"Je trouve que c'est plus joli qu'un échafaudage pourri", explique à l'AFP Béatrice Boue, une habitante d'Antony, en banlieue sud.
"Je ne l'aime pas particulièrement", a déclaré Lucyna Milosz, une touriste polonaise.
"Je comprends qu'ils doivent le couvrir, mais je n'aime pas quand il y a des photos. Tant qu'il n'y a pas de publicité, ça va. Ils devraient le faire couvrir et se dépêcher !" elle a ri.
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