Les projets d'UBS concernant son rival Credit Suisse, récemment avalé -- en particulier le sort de sa banque d'investissement et de ses activités de banque de détail en Suisse -- sont au premier plan des préoccupations des investisseurs lorsqu&#39
Les projets d'UBS concernant son rival Credit Suisse, récemment avalé -- en particulier le sort de sa banque d'investissement et de ses activités de banque de détail en Suisse -- sont au premier plan des préoccupations des investisseurs lorsqu'elle annonce ses résultats du deuxième trimestre. AFP

Le géant bancaire UBS a annoncé jeudi son intention d'absorber entièrement la division suisse du Crédit Suisse, vieille d'un siècle, et de supprimer des milliers d'emplois à travers le pays, dans le but de redresser son rival récemment avalé.

La plus grande banque de Suisse, qui s'est engagée en mars dans le rachat de son plus proche rival pour 3,25 milliards de dollars afin de l'empêcher de faire faillite, a déclaré qu'elle visait à achever l'essentiel de l'intégration d'ici fin 2026, avec plus de 10 milliards de dollars d'économies de coûts. d'ici là.

"Deux mois et demi après la finalisation de l'acquisition du Crédit Suisse, nous ne perdons pas de temps pour apporter de la valeur à toutes nos parties prenantes grâce à l'une des fusions bancaires les plus importantes et les plus complexes de l'histoire", a déclaré le directeur général de l'UBS, Sergio Ermotti.

Cette annonce intervient alors qu'UBS publie son compte de résultat du deuxième trimestre, présentant ses premiers résultats depuis la finalisation de la méga-fusion qui a secoué le secteur bancaire suisse en juin.

UBS a enregistré un bénéfice net impressionnant de 29,2 milliards de dollars, bien qu'il ait été fortement faussé par le gigantesque rachat, qui a entraîné une série d'éléments exceptionnels et n'est pas comparable à la même période de l'année dernière.

Le Credit Suisse a enregistré une perte de 10,1 milliards de dollars au deuxième trimestre.

Les analystes ont qualifié le tableau de positif, tandis que les investisseurs semblaient également enthousiasmés, faisant bondir le cours de l'action UBS de plus de 6% en fin d'après-midi à 23,52 francs suisses (26,64 dollars).

Le Credit Suisse avait été en proie à des scandales avant le rachat, précipités par les craintes qu'une crise des banques régionales américaines ne traverse l'Atlantique.

Les investisseurs et les salariés étaient particulièrement avides d'indices sur le sort de la division suisse du Crédit Suisse, qui était l'unité qui a le mieux résisté aux multiples crises qui ont secoué la banque.

De nombreuses questions se sont posées quant à savoir si l'entreprise pourrait continuer à fonctionner de manière indépendante en raison du chevauchement important avec les activités d'UBS en Suisse.

La réponse était non.

Après avoir initialement analysé sept options différentes pour l'unité, Ermotti a déclaré aux analystes que le résultat était "limpide : une intégration complète est de loin le meilleur choix".

UBS a déclaré que les deux entités suisses continueraient à fonctionner séparément "jusqu'à leur intégration juridique prévue pour 2024, la migration progressive des clients vers les systèmes UBS devant être achevée en 2025".

Ermotti a reconnu que le plan entraînerait d'importants licenciements.

La décision d'intégrer les activités du Crédit Suisse entraînerait "environ 1 000 licenciements", a-t-il déclaré, ajoutant que la restructuration globale "devrait entraîner environ 2 000 licenciements supplémentaires en Suisse au cours des deux prochaines années".

Ermotti a déclaré qu'UBS fournirait un soutien financier et des opportunités de reconversion aux personnes concernées.

S'adressant aux journalistes, il a souligné "les conditions très favorables du marché du travail en Suisse", insistant sur le fait que les personnes concernées "pourront trouver un autre emploi".

L'Association suisse des employés de banque (SBEA) a salué l'UBS pour sa responsabilité sociale, mais a déploré la "fin d'une époque".

"C'est un triste jour pour les collaborateurs du Crédit Suisse, qui ont fait preuve d'une grande fidélité", a déclaré à l'AFP la porte-parole Claudine Esseiva.

Cette annonce, qui intervient moins de deux mois avant les élections législatives en Suisse, a également suscité des réactions de la part de nombreux acteurs politiques.

Le ministre de l'Economie Guy Parmelin a déclaré dans un communiqué qu'il regrettait les licenciements "inévitables", mais s'est félicité qu'un accord ait été trouvé entre les banques fusionnées et les partenaires sociaux.

Le Parti libéral a quant à lui déploré qu'"un morceau de l'histoire économique" soit "éteint" avec la disparition de la succursale nationale du Crédit Suisse, qui a notamment contribué à la construction du système ferroviaire emblématique de la Suisse.

Ermotti a également souligné que l'analyse de l'UBS sur les activités du Crédit Suisse montrait "la nécessité des mesures décisives prises au cours du week-end" de mars, lorsque les autorités suisses ont imposé la fusion.

"Ce n'était pas seulement une question de tarissement des liquidités. Le modèle économique et les activités du Credit Suisse (...) étaient profondément défectueux et sa réputation gravement entachée", a-t-il déclaré aux analystes.

"La banque n'était plus en mesure de continuer à fonctionner seule."

Avant même la publication des résultats, il était évident que la fusion réunissait deux banques venant dans des directions diamétralement différentes.

Alors que le Credit Suisse a accumulé des pertes considérables ces dernières années, affichant une perte nette massive de 7,3 milliards de francs suisses (8,3 milliards de dollars) en 2022, l'UBS a déclaré un bénéfice net de 7,6 milliards de dollars.

Pendant ce temps, UBS a continué à projeter sa force, annonçant plus tôt ce mois-ci qu'elle n'avait pas besoin des milliards de dollars de soutien offerts par le gouvernement suisse et la banque centrale pour mener à bien son rachat.