Cryptomonnaies, bitcoin
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POINTS CLÉS

  • Les fantasmes liés aux gains réalisés sur le marché des cryptomonnaies continuent de susciter l'enthousiasme des apprentis traders.
  • Une étude révèle que les traders ont préféré investir dans des marchés beaucoup moins volatils.
  • L'impact sur le marché immobilier américain est loin d'être négligeable.

Qui sont les milliardaires de la cryptomonnaie ? Il y a moins d'un an, ce titre faisait la Une du prestigieux magazine Forbes. Dans le trio de tête, les trois nouveaux rois du monde ont trouvait le Chinois Changpeng Zhao, dont la fortune était estimée à 65 milliards de dollars, est qualifié de la personne la plus riche de la cryptomonnaie. Le fondateur et PDG de Binance, surnommé 'CZ', était alors la 19ème personne la plus riche du monde selon Forbes, avec une participation d'au moins 70 % dans Binance, la principale plateforme mondiale d'échange de cryptomonnaies. À la deuxième place, Sam Bankman-Fried, affichant une fortune de 24 milliards de dollars grâce à sa plateforme FTX. Brian Armstrong, le fondateur de Coinbase, complète le podium avec une fortune de 6,6 milliards de dollars.

Un an plus tard, nos trois stars de la cryptomonnaie ont quitté le podium de Forbes pour se retrouver devant les tribunaux. Brian Armstrong et CZ ont récemment perdu près de 2 milliards de dollars en Bourse, alors que le gendarme boursier américain, la Securities and Exchange Commission (SEC), a engagé des poursuites judiciaires contre leurs entreprises. Le régulateur américain les accuse de ne pas avoir respecté sa réglementation. Sam Bankman-Fried, quant à lui, attend en prison son procès, prévu le 2 octobre. Il est inculpé notamment pour fraude et association de malfaiteurs.

Tout comme les trois déchus de la cryptomonnaie, les fantasmes liés aux gains réalisés sur le marché des cryptomonnaies continuent faire frissonner les apprentis traders. Il faut dire qu'en dix ans, la capitalisation mondiale du marché des cryptomonnaies est passée de 10 à 1 250 milliards de dollars. Une étude américaine (The effects of cryptocurrency wealth on household consumption and investment, juin 2023) révèle que ces gains impressionnants et l'envolée de la richesse des milliardaires de la cryptomonnaie n'ont pas seulement été réinvestis dans les cryptomonnaies, les NFT ou le métavers. Ils ont contribué en partie à la consommation et au marché immobilier. Compte tenu des importantes plus-values enregistrées sur ce marché entre 2014 et 2021, entre 80 et 100 milliards de dollars de dépenses supplémentaires ont ainsi été générés aux États-Unis.

À titre d'exemple, début 2022, Brian Armstrong, le dirigeant de la plateforme Coinbase, avait acheté une propriété de 133 millions de dollars dans le quartier de Bel Air à Los Angeles. Il s'agissait de la 4e transaction la plus élevée de l'histoire en Californie.

Selon les chercheurs, la hausse des cryptomonnaies comme le bitcoin et l'ether a fait grimper les prix des logements aux États-Unis au cours des dix dernières années. Les deux bulles, immobilière et cryptomonnaie, se sont alimentées mutuellement. Dans les États à forte concentration d'investisseurs en cryptomonnaie (Californie, Nevada, Texas, New York), la hausse du bitcoin se répercute sur le prix des logements neuf mois plus tard, avec une augmentation d'environ 1 % (+2 000 dollars).

Après les fortes hausses des cours, certains particuliers vendent tout ou partie de leurs cryptomonnaies pour investir dans l'immobilier. Les régions avec une forte concentration de détenteurs de cryptomonnaies et d'entrepreneurs ont connu des marchés immobiliers plus dynamiques que les autres. Parfois, des vendeurs acceptent même d'être payés en bitcoin pour leurs logements.

En revanche, lorsque les marchés des cryptomonnaies chutent fortement, comme en 2022, la baisse de la richesse des détenteurs de bitcoin peut peser sur la consommation et la conjoncture. "La chute du marché en 2022 a réduit la richesse en cryptomonnaie des Américains de près de 500 milliards de dollars. L'impact est moindre que pour les actions et l'immobilier. La chute de Wall Street a réduit leur patrimoine boursier de 10 000 milliards de dollars et celle des prix des logements de 5 000 milliards de dollars", a mis en perspective Joseph Briggs, économiste chez Goldman Sachs, fin 2022.

Loin du mirage de l'argent facile, les millionnaires de la cryptomonnaie, déclarant plus d'un million de dollars par an au fisc américain, sont une population modeste, de 2 000 à 3 000 nouveaux heureux élus chaque année, selon l'étude "Who sells cryptocurrency?" (Hoopes, Menzer, Wilde, octobre 2022). Lors de la crise du Covid en 2020, 1,6 million d'Américains ont déclaré leurs gains liés aux cryptomonnaies. Ils n'étaient que 7 000 par an à le faire au début de l'ère des cryptomonnaies, entre 2013 et 2016. Les gains récents déclarés (2020) étaient modestes, d'environ 12 500 dollars par personne.

En France, aucune étude ne quantifie les gains liés aux cryptomonnaies. Cependant, Bercy se tient prêt à les taxer ! La fiscalité des monnaies virtuelles évolue régulièrement, en même temps que l'investissement en crypto-actifs se démocratise. Avant le 1er janvier 2019, les monnaies virtuelles étaient soumises à la même imposition que les biens meubles, ce qui impliquait de déclarer chaque cession, dont la plus-value était imposée à hauteur de 36,2 %. Depuis cette date, les cryptomonnaies sont imposables au titre des "actifs numériques", une nouvelle catégorie créée dans le cadre de la réglementation des crypto-actifs.

Depuis la loi de finances 2019, les Français sont tenus de calculer et de déclarer leurs gains imposables en cryptomonnaies en même temps que leur déclaration de revenus. De fait, le contribuable est imposé sur les plus-values générées par son activité d'achat et de revente d'actifs numériques à titre occasionnel.

La fiscalité de ce nouveau type d'actifs est donc similaire à celle des gains en capital, car c'est le prélèvement forfaitaire unique ou "flat tax" qui s'applique (12,8 % d'impôt et 17,2 % de prélèvements sociaux). Il existe un abattement de 305 euros par an pour les investisseurs non professionnels. Ainsi, si le montant total des ventes n'a pas excédé 305 euros, il n'est même pas nécessaire d'indiquer le montant de la plus-value.

Depuis le 1er janvier 2023, les investisseurs peuvent choisir entre le PFU (prélèvement forfaitaire unique) à 30 % ou l'application du barème progressif de l'impôt sur le revenu (IR) sur les plus-values générées par leurs activités en cryptomonnaies. Ainsi, les investisseurs non imposables seront taxés à hauteur de 17,2 % seulement (montant des prélèvements sociaux), tandis que ceux se situant dans la tranche d'imposition à 11 % seront soumis à une taxation de 28,2 % seulement (11 % d'impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux)."