Les Français veulent plus de "Made in France", mais en achètent de moins en moins

85 %. C'est la part de Français qui achètent des produits made in France. Mais le font-ils régulièrement ? Quelle place occupe ce critère lors de l'achat ? Quels freins persistent au développement de ce marché ? Pour répondre à ces nombreuses interrogations, la Chambre de Commerce et d'Industrie a publié, avec l'institut de sondage OpinionWay, une grande étude sur le rapport qu'ont les Français avec ce secteur bleu-blanc-rouge.

Premier constat rassurant pour les acteurs du marché : les consommateurs hexagonaux aiment le made in France : près de neuf Français sur dix expriment le souhait de consommer plus de produits fabriqués sur le territoire. Le patriotisme économique semble être, selon le sondage, leur principale motivation à cet effet. Ainsi, plus de six acheteurs de ces produits sur dix déclarent qu'ils le font pour soutenir les producteurs locaux. De même, 56% d'entre eux affirment que c'est pour soutenir l'économie française. Le fait que ces produits soient potentiellement de meilleure qualité apparaît moins important à leurs yeux (47 %). Il en va de même pour l'impact environnemental plus faible de ces produits (35 %).

Toutefois, le pays de fabrication des produits est loin d'être le principal critère de consommation des Français. À la question "Lors de l'achat d'un produit, quels sont les 3 critères auxquels vous accordez le plus d'importance ?", il est évoqué par seulement 23 % de la population. Le prix (80 %), la qualité (73 %) et la durée de vie (41 %) sont, en revanche, privilégiés par les acheteurs de l'Hexagone.

La protection de l'environnement est mentionnée par seulement un Français dix. Cela confirme l'analyse portée par Erwan Lestrohan, directeur conseil d'Odoxa, comme quoi les Français ne sont écologiques que lorsque cela profite à leur porte-monnaie : "Il est frappant d'observer combien la crise énergétique et inflationniste a hâté l'adoption de bonnes pratiques écologiques sur une période courte. La hausse des coûts de l'énergie a contraint les Français à revoir leurs habitudes (baisse du chauffage, de la consommation d'électricité, écogestes...)", affirmait-il dans une autre étude.

Les principaux freins au développement du secteur

Sans surprise, le prix du made in France est ce qui éloigne le plus les consommateurs de ce secteur. Selon l'étude, 70 % d'entre eux estiment que les produits bleu-blanc-rouge sont trop chers. Le contexte inflationniste a évidemment impacté la consommation made in France des ménages hexagonaux. En effet, à cause de l'inflation, 80% des Français ont dû se restreindre sur les achats de produits fabriqués dans le pays, 63% ont choisi de différer ces achats et 64% ont été contraints d'y renoncer.

Les individus souhaitant accroître leur consommation de made in France estiment également que l'information sur l'origine de ces produits représente un véritable obstacle à leur achat. Ainsi, 35% d'entre eux expriment des doutes quant à l'authenticité du label made in France.

Le manque de visibilité des produits français est, parallèlement, largement reconnu par les Français : 45% des participants affirment qu'ils ne sont pas facilement repérables en magasin. Cela s'explique notamment pas le fait que, selon plus d'un Français sur deux, les acteurs de la distribution ne mettent pas suffisamment en avant les produits fabriqués dans l'Hexagone.

Une illustration de la complexité des Français

Parallèlement, 43 % des Français qui achètent déjà du made in France déplorent le fait que de nombreux produits qu'ils consomment n'existent pas en production nationale. Le secteur de l'alimentation ou des vêtements en premier lieu. La relocalisation apparaît ici comme l'une des principales attentes des consommateurs mise en exergue par le sondage. "Fortement réclamée par les personnes interrogées, la relocalisation en France peut avoir un impact positif pour les entreprises. 83% des Français déclarent ainsi que le fait qu'une entreprise relocalise sa production sur le territoire national pourrait les inciter à acheter des produits qu'ils n'achetaient pas auparavant", peut-on lire dans l'étude.

Dans l'Hexagone, l'Insee a montré que le poids du made in France dans la consommation totale est passé de 89% en 1965 à 78% en 2019. Cette volonté de relocalisation semble ainsi être assez paradoxale : réclamer des produits français qu'ils n'achèteront pas à cause de leur prix. Une autre illustration de la complexité des Français ?