Feed, Ledger, EasyVoyage, Qapa... Que deviennent les entreprises fondées par le jury de "Qui veut être mon associé ?"
Le 17 janvier dernier, l'émission "Qui veut être mon associé ?" a signé son retour à la télévision française, avec une quatrième saison diffusée sur la chaîne M6. Depuis quatre ans, elle met en relation des investisseurs et des entrepreneurs, qui présentent un projet dans le but de convaincre les hommes et femmes d'affaires d'investir dans leur entreprise.
Pour cette nouvelle saison, trois entrepreneurs ont intégré le jury composé de sept dirigeants, temporairement devenus investisseurs. Tony Parker (Infinity Nine Group), Stéphanie Delestre (QAPA), et Kelly Massol (Les Secrets de Loly) rejoignent ainsi Anthony Bourbon (Feed), Jean-Pierre Nadir (Easyvoyage, FairMoove), Éric Larchevêque (Ledger) et Marc Simoncini (Angell, Meetic).
L'exposition permise par la participation à "Qui veut être mon associé ?" - qui est regardée chaque semaine par près de 2 millions de téléspectateurs - représente un tremplin intéressant pour la réussite des propres entreprises des jurés/entrepreneurs. Ledger, Qapa, Easyvoyage, Feed... Que deviennent les sociétés créées par le jury de l'émission de télévision ? Sont-elles d'incontestables pépites ou des véritables flops ?
Ledger : Un parcours mouvementé
En 2014, Éric Larchevêque avait poursuivi sa lancée dans la crypto-monnaie en co-fondant Ledger, une start-up qui conçoit et commercialise des portefeuilles de crypto-monnaies physiques destinés aux particuliers et aux entreprises. Près d'une décennie après sa création, l'entreprise a connu des hauts et des bas en alternant phases d'évolution et périodes de grandes difficultés.
De 2017 à 2018, la start-up était parvenue à conclure plusieurs levées de fonds, récoltant 7 millions d'euros puis 75 millions de dollars, atteignant ainsi le statut de scale-up (une entreprise présentant une moyenne de rendement annualisé d'au moins 20 % au cours des 3 dernières années et salariant au moins 10 personnes en début de période). Cet argent a permis à la société d'ouvrir une usine en France (à Vierzon, dans le Centre-Val de Loire) et de diversifier ses services, avec notamment le développement de boîtiers connectés permettant d'attester les quantités d'énergies produites par les sources d'énergie renouvelable grâce à la blockchain.
Après ces périodes de croissance et d'évolution, Ledger - dont la direction a été confiée par Éric Larchevêque à Pascal Gauthier en mai 2019 - fait face à l'effondrement du Bitcoin en supprimant 10 % de ses effectifs. Deux ans plus tard, la société retrouve une bonne santé économique grâce à une levée de fonds de 380 millions d'euros et à la chute de la plateforme FTX, qui avait entraîné de nombreux transferts des crypto-monnaies stockées sur les plateformes centralisées vers les portefeuilles numériques comme Ledger.
Aujourd'hui valorisée à 1,3 milliard d'euros, l'entreprise est à nouveau dans une situation compliquée, n'étant pas parvenue à atteindre ses objectifs de ventes sur ses derniers produits. En octobre dernier, 90 emplois sur les 750 ont été supprimés : "La situation macroéconomique actuelle limite notre capacité à générer des revenus. En réponse à ce contexte difficile, nous sommes contraints de réduire nos effectifs à l'échelle globale", expliquait alors le PDG de Ledger dans une lettre adressée à ses employés.
Qapa : Un succès loin d'être intérimaire
Lancée en 2011 par Stéphanie Delestre et Olivier Zier avec une première levée de fonds auprès des fonds d'investissement Partech Ventures et 360 Capital Partners, la plateforme d'intérim digitale représente une véritable réussite pour la nouvelle juré de "Qui veut être mon associé ?". Après une seconde levée de fonds en janvier 2017 pour un montant de 11 millions d'euros, l'entreprise a remporté deux concours organisés par le ministère de l'Économie et des Finances (Concours d'innovation numérique en 2017 et Grands défis du numérique en 2018). De même, en 2020 et en 2021, Qapa a été sélectionné French Tech 120 (FT120), un label gouvernemental français consacré aux start-up en phase d'hyper-croissance.
Ces différents évènements ont participé au succès de Qapa : La société d'intérim, qui emploie environ 60 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires sur un an de 45 millions d'euros entre fin juin 2020 et fin juin 2021. Elle comptait déjà plus de 500 clients allant des PME aux grands groupes, présentant ainsi une base d'environ 4,5 millions de travailleurs. En septembre de la même année, l'entreprise a été rachetée par le groupe suisse Adecco pour 65 millions d'euros : "Nous voyons cette acquisition de QAPA comme un pas important pour élargir notre offre pour nos clients avec une solution de pointe 100% en ligne focalisée sur le placement (de personnel) flexible", déclarait alors Alain Dehaze, le directeur général d'Adecco, dans un communiqué.
Feed : Les substituts de repas font-ils recette ?
Antony Bourbon, quant à lui, a investi le secteur agroalimentaire en fondant, en 2016, Feed, une start-up qui commercialise des substituts de repas sous forme de poudres à diluer ou de barres. Une levée de fonds de 3,5 millions d'euros conclue en 2017 - dont le principal investisseur est le fonds de Xavier Niel Kima Ventures - a permis à l'entreprise de se développer. Comptant, en septembre 2019, 70 employés et 3 500 points de vente en France, en Suisse, en Belgique et au Luxembourg, la start-up française est parvenue à réaliser un chiffre d'affaires de 3 millions d'euros la première année, 7 la seconde et plus de 10 millions d'euros la troisième année. En 2019, le chiffre de 30 millions d'euros a même été annoncé par Antony Bourbon. Avant la crise sanitaire, la start-up était valorisée à 200 millions d'euros.
L'entreprise a toutefois quelque peu marqué le pas en 2020 : "Avec les confinements, les Français se sont réhabitués à cuisiner et nos points de distributions étaient moins facilement accessibles", expliquait le fondateur de Feed et juré de "Qui veut être mon associé ?", aux Échos.
Un changement de cap de Feed a donc été décidé : "Nous avons compris qu'il n'était plus possible de fonctionner ainsi et nous avons décidé de placer la rentabilité au cœur de nos choix stratégiques. Nos dépenses ont été divisées par 10 entre janvier 2019 et janvier 2022, tandis que le flux est resté le même sur le site Internet et que le chiffre d'affaires a progressé de manière enfin saine", confie Antony Bourbon à Big Média (Bpifrance). L'objectif pour la start-up est d'atteindre, à terme, les 100 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel.
Easyvoyage et FairMoove : Jean-Pierre Nadir mise sur les vacances abordables et écolos pour rebondir
Au début des années 2000, le juré de "Qui veut être mon associé ?" a co-fondé Easyvoyage, un portail dédié au voyage qui rassemble et compare les prix des acteurs web du secteur (séjours ou billets d'avions), tout en développant des guides de voyages. Quinze années après son lancement, la société revendiquait une fréquentation de 3 millions de visiteurs uniques mensuels dans l'Hexagone, pour un chiffre d'affaires dépassant les 20 millions d'euros en 2014. L'année d'après, Jean-Pierre Nadir a vendu 57 % de ses parts à la société Webedia, pour un montant qui avoisinerait les 40 millions d'euros.
Depuis ce rachat, Easyvoyage ne parvient plus à afficher les mêmes résultats : en 2015 et en 2016, la société a généré un chiffre d'affaires proche des 11 millions d'euros. Les années 2018 (14,3 millions d'euros) et 2019 (16,8 millions d'euros) ont toutefois été plus lucratives pour Easyvoyage, avant son effondrement notamment causé par la crise sanitaire. En effet, l'entreprise a affiché des résultats annuels ne dépassant pas les 7 millions d'euros en 2020 et en 2021, avec des pertes annuelles proches des 4 millions d'euros.
Parallèlement, l'entrepreneur a lancé la plateforme Fairmoove, qui regroupe plusieurs milliers d'offres d'hébergements pour des vacances "vertes" abordables, en promettant des prix situés entre 2 500 et 4 000 euros (pour deux personnes).
En 2023, la société a absorbé Betterfly Tourism et Double Sens, deux acteurs du tourisme reponsable, pour un montant total de 5,6 millions d'euros. Son ambition ? Devenir le leader français sur ce segment. Réalisant actuellement 2 millions d'euros de chiffre d'affaires, l'entreprise en vise 30 millions d'ici quelques années.
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