Ce que les Tiny Houses disent de notre nouveau rapport à l'immobilier
" Il vaut mieux un petit chez soi, qu'un grand chez les autres. " L'adage de nos grands-mères n'a jamais autant résonné dans la tête des amateurs de Tiny Houses. Ces maisons de poupée ont le vent en poupe depuis quelques années.
La tendance des tiny houses a émergé aux États-Unis au début des années 2000. Le concept est attribué à Jay Shafer, le fondateur de l'entreprise Four Lights Tiny House Company, qui a propulsé le mouvement des 1999. Le concept des tiny houses a véritablement pris son envol après le passage du terrible ouragan Katrina, qui a privé des milliers de personnes de leur logement. Après la crise des subprimes en 2008, il a également fallu reloger en urgence des milliers de personnes à moindre frais.
Mais depuis quelques mois, le phénomène a pris de l'ampleur, notamment en France. La crise immobilière est passée par là.
Selon un sondage récent de l'Institut Cluster 17 pour Le Point, 89 % des Français considèrent qu'il est difficile de louer un logement et 92 % qu'il est difficile d'accéder à la propriété traditionnelle. L'envol des prix de l'immobilier, la hausse des taux d'intérêt qui bloque l'accès au marché aux primo accédants et les nouvelles attentes des consommateurs en matière de respect de l'environnement ont radicalement changé le rapport à l'immobilier des plus jeunes. Fini la course au gigantisme, l'heure est à la frugalité. L'idée est de réduire son empreinte carbone et son impact !
Forcément les tiny houses sont devenues la coqueluche de la génération des millénials qui en a fait un véritable phénomène de mode.
Un simple décompte du nombre d'émissions de télévision consacrées à ces phénomènes suffit à s'en convaincre : Tiny Paradise, Mini maison sur mesure, Tiny House Hunters, Tiny Luxury, les programmes fleurissent sur les plateformes de streaming. Les magazines spécialisés, comme Tiny House Magazine, ou Tiny Homes, envahissent les kiosques à journaux et les livres pullulent dans les librairies. Sur les réseaux sociaux, certains comptes d'adeptes de la Tiny Life cumulent des millions d'abonnés, comme @Tinyhousefolk, @livingbiginatinyhouse ou encore @prefabnsmallhomes.
Il faut dire que les Tiny Houses présentent de nombreux avantages. Elles coûtent moins cher à produire, entre 30 et 50 000 euros, mais aussi à construire et à entretenir. Elles bénéficient également d'un faible impact environnemental grâce à leurs matériaux biosourcés tels que le bois ou le carton.
Une tiny House est une vraie maison, mais en version miniature : des espaces de vie, de cuisine, de couchage, de bain et de rangements. Elle peut mesurer de 10 à 40 m² en fonction des aménagements souhaités. Cependant, opter pour la micromaison, c'est aussi adopter un style de vie minimaliste. En effet, les grands dressings, les télévisions avec écran géant ou encore l'accumulation d'objets n'ont pas leur place dans une Tiny House.
En revanche, elles sont imaginées pour apporter tout le confort nécessaire et sont fabriquées à partir de matériaux de bonne qualité. Elles peuvent être utilisées en tant que résidence principale ou secondaire. Les professionnels du tourisme et les étudiants en sont particulièrement friands. La législation française n'encadre pas encore les Tiny Houses, ce qui peut être un frein ou un avantage.
Une tiny house reste mobile
Actuellement, elles se plient à la réglementation en vigueur pour les caravanes et les mobil-homes, sauf si elles ne se déplacent pas. Dans ce cas, elles sont soumises aux mêmes obligations qu'une habitation traditionnelle.
Ainsi, si la Tiny House est théoriquement mobile, vous n'aurez pas besoin de permis de construire. Attention, elle ne doit également pas dépasser 20 m² pour bénéficier de cet avantage. Les choses se compliquent en ce qui concerne l'installation. Elle peut être stationnée sur un terrain privé à condition de ne pas rester au même endroit plus de 3 mois. Il faudra obtenir l'autorisation de la mairie pour une installation définitive, et ce n'est pas toujours facile. Pour pouvoir circuler sur la route, la Tiny House doit être immatriculée. Son poids et sa largeur, remorque comprise, ne doivent pas dépasser une certaine limite fixée à 3 500 kg et 2,55 m.
Les particuliers ne sont pas les seuls à adopter la Tiny House. Selon Aurélie Moy, elle constitue l'habitat parfait pour loger des étudiants. Convaincue, la jeune ingénieure a fondé le Ty Village, premier rassemblement de Tiny Houses étudiantes sur le Campus d'Armor à Saint-Brieuc. Il compte aujourd'hui 14 micromaisons entièrement équipées, louées entre 459 et 479 euros charges comprises.
Selon Gérard Allard et Nathan Macé, cofondateurs et gérants des P'tits Pénates, fabricants de Tiny Houses en Bretagne, " les particuliers ont représenté plus de la moitié de nos ventes, mais ce n'est pas notre seul marché. Il y a celui du logement d'urgence. Le conseil départemental de Loire-Atlantique s'intéresse à cette solution de logement pour les jeunes majeurs qui sortent de l'aide sociale à l'enfance. Dans le département du Doubs, nous avons remporté un appel d'offres pour du logement répondant aux besoins de saisonniers ou de travailleurs sur un bassin d'emploi. Là, nous répondons à une commande de bailleurs, très exigeants. Ça nous rassure d'être arrivés premiers. C'est encourageant."
Le tourisme devient aussi très friand de Tiny Houses. En septembre 2020, Géraldine Boyer donnait vie à son projet Parcel en posant sa première Tiny House au cœur des vignes de Saint-Émilion. C'est en Australie, où elle a vécu 7 ans, que ce concept de tourisme respectueux de l'environnement, juste et durable est né dans son esprit. Adepte du bien manger et du bien voyager, elle avait alors envie, en rentrant en France, d'offrir un moment de déconnexion pour se recentrer sur les bonnes choses de la vie. Depuis, elle multiplie les adresses, dans toute la France.
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