Les qualités humaines sont-elles essentielles dans le monde du travail?
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Les qualités relationnelles, les compétences émotionnelles, et le savoir-vivre. Voilà les trois premières soft skills identifiées par les Français. Particulièrement à l'honneur pendant les années Covid, ces "compétences douces" extra-professionnelles restent toujours importantes aux yeux des Français même si l'enthousiasme du début s'est calmé avec le temps. C'est ce que révèle le groupe Lefebvre Dalloz dans son quatrième Baromètre des soft skills, publié ce jeudi 14 décembre.

Dans un contexte d'hybridation du travail et de pénurie de talents, l'identification et le développement des soft skills sont apparus comme particulièrement stratégiques pour la performance de l'entreprise. Mais c'est moins le cas aujourd'hui. L'étude montre que le rapport des entreprises et des organisations aux soft skills commence à stagner, après trois années de fort développement dans l'Hexagone.

Et preuve en est : 46 % des salariés considèrent les soft skills comme "stratégiques" pour l'entreprise, soit 10 % de moins qu'en 2021. Parallèlement, selon le baromètre, 71 % des répondants estiment aujourd'hui bien connaître les softs skills. C'est 10 points de plus par rapport à 2021 mais 1 % de moins qu'en 2022.

La fin d'un "effet de mode"

Pourquoi la belle dynamique de ces qualités humaines dans le monde du travail s'est-elle quelque peu estompée cette année ? Selon Lefebvre Dalloz, cela viendrait du fait que les soft skills se soient normalisées et que "l'effet de mode se soit sans doute dissipé" en 2023. Et cela se vérifie : Tandis que 63 % des organisations identifiaient et développaient les qualités humaines des collaborateurs l'année passée, elles sont aujourd'hui seulement 60 % à le faire.

Comme principal frein au développement de ces soft skills en entreprise, figurent en premier lieu les restrictions budgétaires et l'incertitude économique : "L'instabilité du contexte international, le retour de l'inflation ne peuvent manquer d'avoir des conséquences sur la façon dont les entreprises réagissent et anticipent l'avenir. Ce climat politique et économique incertain représente un véritable 'stress test' pour les soft skills", est-il indiqué dans le baromètre.

La généralisation de l'IA devrait inverser la tendance

L'émergence de l'intelligence artificielle dans le monde du travail rebat tout de même les cartes, apportant ainsi un nouvel élan de dynamisme aux soft skills dans l'entreprise. En effet, elles apparaissent alors comme des compétences permettant de "distinguer la machine de l'Homme".

Ainsi, la nécessité pour les collaborateurs de témoigner d'une valeur ajoutée par rapport aux IA génératives devrait remettre les qualités humaines telles que les compétences émotionnelles et le savoir-vivre au centre des attentes des dirigeants d'entreprises. Mais selon 19 % des employés interrogés, l'arrivée des IA génératives est un critère qui nécessite la formation à certaines soft skills.

Et dans ce cas, le management devient d'autant plus important : "Les managers jouent un rôle essentiel que ce soit pour identifier, valoriser ou prioriser les compétences comportementales à acquérir. Cela passe par la formation, bien sûr, mais aussi par la création d'un environnement de travail propice à l'épanouissement et à l'expression de ces compétences spécifiques. Cette nécessité oblige à former les managers eux-mêmes au développement des soft skills de leur équipe", affirme Guillaume Letzgus, directeur du pôle Formation de Lefebvre Dalloz.