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Selon, une étude du courtier eToro, plus de la moitié des investisseurs particuliers français (51 %) ne prennent pas les critères ESG en compte dans leurs investissements, tandis que 18 % disent investir en fonction d'eux. Explications.

Les investisseurs particuliers français sont beaucoup plus susceptibles d'ignorer les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) que de les prendre en compte avant d'investir, selon les données du dernier Retail Investor Beat (RIB) de la plateforme de trading et d'investissement eToro.

Dans l'étude menée auprès de 1 000 investisseurs particuliers en France, seuls 18 % ont déclaré qu'ils prenaient toujours en compte les critères ESG avant d'investir dans un actif.

Plus de la moitié des investisseurs (51 %) ont déclaré le contraire, dont 13 % qui ont avoué avoir tourné le dos à l'ESG après en avoir fait une priorité par le passé. Par ailleurs, 20 % des investisseurs ont déclaré qu'ils ne pensaient à l'ESG que lorsque leurs investissements enregistraient de bonnes performances.

Pour Antoine Fraysse Soulier, analyste des marchés chez eToro, "l'appétit des investisseurs pour l'investissement ESG a chuté depuis les jours fastes de 2021. Les flux entrants dans l'industrie des fonds durables sont passés de plus de 100 milliards de dollars par trimestre à l'équilibre, tandis que le nombre de lancements de nouveaux fonds est passé de plus de 300 par trimestre à l'époque à moins de 100 aujourd'hui".

Parmi ceux qui ne s'en soucient pas, une proportion importante (13 %) déclare qu'elle ne les prennent plus en compte aujourd'hui mais qu'ils jouaient un rôle clé dans leurs investissements par le passé.

Les principales raisons de l'abandon de l'ESG sont la confusion au sujet de l'étiquetage (29 %) et l'excès de greenwashing (22 %).

Les jeunes investisseurs (18-34 ans) donnent la priorité aux facteurs sociaux, tandis que les investisseurs plus âgés se soucient davantage de l'environnement.

La crédibilité de l'investissement ESG a été mise à mal ces dernières années par les accusations de greenwashing et d'étiquetage erronées des fonds ESG. Selon le dernier RIB, cette situation a eu des répercussions sur l'état d'esprit de nombreux investisseurs particuliers. Lorsque l'on demande aux investisseurs pourquoi ils ne prennent pas en compte les critères ESG lorsqu'ils investissent, les réponses les plus fréquentes sont que les critères ESG manquent de clarté (29 %) et qu'il y a eu trop de greenwashing ces dernières années (22 %).

L'étude a également montré que la performance des actifs labellisés ESG a été problématique, le plus grand fonds ESG au monde ayant sous-performé le S&P 500 au cours de l'année écoulée. Cette sous-performance n'a pas échappé aux investisseurs particuliers car 19 % d'entre eux préfèrent se concentrer sur les rendements de leur portefeuille.

"La sous-performance a été un facteur clé, avec le fonds Parnassus Core Equity de 29 milliards de dollars, le plus important dans le monde de l'ESG, en retard sur le S&P 500 de 5 % l'année dernière et de 2 % au cours des trois dernières années. L'effondrement des investissements dans les véhicules électriques et les énergies renouvelables a été pire, Tesla, la tête d'affiche des véhicules électriques, et l'ETF iShares Global Clean Energy (ICLN), le principal fonds d'investissement dans les énergies renouvelables, ayant tous deux perdu plus de la moitié de leur valeur par rapport aux sommets atteints en 2021".

Selon les données d'eToro, les investisseurs particuliers plus âgés sont les moins susceptibles de prendre en compte l'ESG, avec 12 % des 55 ans et plus qui en tiennent toujours compte dans leurs décisions d'investissement, contre 51 % qui ne le font pas. Parmi les investisseurs âgés de 18 à 34 ans, 22 % prennent toujours en compte les facteurs ESG et 46 % ne le font pas, plus de la moitié d'entre eux (17 %) ayant tourné le dos à ces critères.

Les investisseurs qui prennent en compte les critères ESG ont été interrogés sur la lettre qu'ils considèrent comme la plus importante : E, S ou G. Les critères environnementaux arrivent en tête, avec 35 % d'entre eux qui donnent la priorité à la lettre E. Viennent ensuite les critères sociaux (25 %) puis les critères de gouvernance (16 %), tandis que 22 % déclarent que tous les critères sont d'égale importance. On observe également une disparité générationnelle significative, le facteur "S" étant le plus important (40 %) pour les 18-34 ans, tandis que pour toutes les autres tranches d'âge, il s'agit du facteur "E".

"Alors que les institutions peuvent estimer que les questions de gouvernance sont en tête de liste des priorités de leurs actionnaires, les considérations environnementales ont tendance à l'emporter sur tout le reste pour la majorité des investisseurs particuliers soucieux des questions ESG. L'exception à la règle est constituée par les investisseurs de la génération Z et les jeunes millennials, pour qui les questions sociales sont les plus importantes - ce qui n'est peut-être pas surprenant étant donné les projecteurs braqués actuellement sur les entreprises et la position qu'elles adoptent sur les questions sociales et géopolitiques ", conclut Antoine Fraysse-Soulier.