Les pauvres payent-ils tout vraiment plus cher ?
La "double peine de pauvreté". Voila le phénomène mise en lumière par la dernière étude de La Banque Postale, réalisée en partenariat avec l'association Action Tank Entreprise & Pauvreté et conjointement, avec le soutien du Boston Consulting Group (BCG).
Selon les chercheurs, les ménages les plus défavorisés en France subissent une charge financière plus lourde que les familles mieux dotées dans de nombreux domaines. C'est le cas des transports, du logement ou de l'énergie. En effet, ces ménages sont contraints de dépenser davantage en moyenne pour des services et des biens comparables, en dépit de leur pouvoir d'achat plus faible.
Une double peine estimée à 700 euros
Combien coûte cette "double peine" ? Selon les données recueillies, pour l'année 2023, elle est estimée à environ 700 euros pour les foyers les plus modestes.
La grande majorité de ces dépenses supplémentaires (90 %) concerne des dépenses liées directement ou indirectement au logement, telles que le loyer, les factures d'énergie, les emprunts, les assurances et les frais de transport. Toutefois, pour près d'un million de Français (soit 8 % des foyers des deux premiers déciles de niveau de vie), cette double peine peut s'élever à plus de 1 500 euros par an.
Cette situation découle de plusieurs facteurs, parmi lesquels le volume de consommation joue un rôle crucial. Par exemple, dans le secteur agroalimentaire, l'achat en grandes quantités permet généralement de bénéficier de prix plus avantageux, ce qui n'est pas le cas pour les ménages à faibles revenus qui doivent souvent acheter en petites quantités, ce qui alourdit leur facture.
D'autres facteurs tels que le manque de liquidités, le manque d'information et la localisation géographique du logement contribuent également à ces inégalités.
Les ménages les plus modestes, qui ont tendance à opter pour des logements de taille réduite, se retrouvent ainsi à payer jusqu'à 13 % de loyer en plus au mètre carré par rapport à la moyenne. De même, les habitations peu économes en énergie entraînent des dépenses supplémentaires de l'ordre de 13 % pour garantir un niveau de confort équivalent à celui des ménages vivant dans des logements bien isolés.
L'étude identifie également des mécanismes de soutien existants, tels que les aides au logement, le gel des loyers pour les logements énergivores ou encore la gratuité des transports dans certaines agglomérations.
Cependant, elle recommande la mise en place de nouveaux moyens pour réduire cette double peine à sa source. Parmi ces solutions, on trouve un meilleur accompagnement des ménages, une réglementation plus protectrice et le développement de dispositifs de soutien pour compenser cette situation injuste. Les auteurs soulignent l'urgence d'agir, notamment dans un contexte d'inflation des prix qui contribue mécaniquement à aggraver les montants des doubles peines subies par les ménages les plus vulnérables.
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