La Banque centrale russe relève son taux d'intérêt directeur à 16 % pour contrer l'inflation
La banque centrale russe a relevé vendredi son taux directeur à 16 %, annonçant une cinquième hausse depuis l'été dans le but de lutter contre l'accélération de l'inflation.
La banque centrale est aux prises avec les retombées économiques de l'offensive en Ukraine, qui comprennent les sanctions occidentales, une augmentation des dépenses militaires du gouvernement et le rappel de centaines de milliers d'hommes.
"Les pressions inflationnistes actuelles restent élevées. L'inflation annuelle pour 2023 devrait être proche de la limite supérieure de la fourchette de prévision de 7,0 à 7,5 pour cent", a déclaré la Banque de Russie dans un communiqué expliquant sa décision.
Des taux d'intérêt plus élevés visent à saper la demande en rendant plus coûteux l'emprunt d'argent et en encourageant les consommateurs et les entreprises à épargner plutôt qu'à dépenser.
Les analystes s'attendaient à une hausse car la banque centrale a déclaré à plusieurs reprises sa priorité dans la lutte contre l'inflation, qui s'est accélérée pour atteindre 7,5% en novembre.
La Banque a déclaré qu'elle prévoyait "que des conditions monétaires strictes seront maintenues dans l'économie pendant une longue période".
Le taux de change est considéré comme un baromètre clé de la santé économique de la Russie par les hommes politiques, les entreprises et la population.
La présidente de la Banque centrale, Elvira Nabioullina, a déclaré que l'économie de Moscou fonctionnait "presque à pleine capacité", mettant en garde contre un risque de "surchauffe".
"Les prêts aux entreprises montrent les premiers signes de ralentissement, mais continuent de croître à un rythme record", a-t-elle prévenu, alors que la banque cherche à limiter les charges subventionnées censées stimuler l'inflation.
La décision d'augmenter le taux d'intérêt intervient une semaine après que le président russe Vladimir Poutine a annoncé son intention de se présenter à des élections étroitement contrôlées en 2024 pour rester au Kremlin au moins jusqu'en 2030.
Lors de sa conférence de presse de fin d'année jeudi, Poutine a salué le taux de chômage de 2,9 pour cent "à son plus bas niveau historique", le qualifiant de "très bon indicateur de l'état de l'économie".
Mais les analystes estiment que le faible taux d'emploi n'est pas un signe de bonne santé mais témoigne plutôt d'une pénurie de recrues, divers secteurs ayant du mal à pourvoir les postes.
La mobilisation de centaines de milliers d'hommes les a éloignés du marché du travail, tout en incitant une grande partie de la population la plus instruite à fuir le pays.
Le manque de main d'œuvre fait grimper les salaires, les employeurs étant contraints de proposer des salaires plus attractifs pour recruter.
Bien que cela ait créé un cycle de hausse des salaires et des prix, une augmentation rapide des dépenses militaires a poussé le gouvernement dans un déficit.
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