Écologie, éducation, recherche... L'heure est à la diète budgétaire pour le gouvernement !
Elle semble déjà très loin la campagne d'entre-deux-tour de l'élection présidentielle 2022 durant laquelle le président-candidat avait lancé son opération séduction auprès de l'électorat de gauche face à Marine Le Pen. Après avoir présenté une feuille de route et un trombinoscope gouvernemental qui ne laissent plus la place au fameux "en même temps" macronien, le chef de l'État a demandé au gouvernement de publier, jeudi 22 février, un décret au Journal officiel visant à limiter les dépenses et réduire le déficit public.
En tout, dix milliards d'euros de dépenses initialement prévues viennent ainsi d'être annulées afin de compenser la révision en baisse de la prévision de croissance pour l'année 2024. L'exécutif avait déjà, au préalable, réalisé une économie de 16 milliards d'euros sur les dépenses du pays prévues par les lois de finances pour l'exercice 2024. La suppression du bouclier énergétique - qui visait à protéger les Français de la hausse des prix du gaz et de l'électricité - est, en grande partie, à l'origine de ce rognage budgétaire.
Quels secteurs pâtiront le plus de cette décision quelque peu austère ? Sans grande surprise, la première victime de cette réduction des dépenses est... la planète ! En effet, deux milliards d'euros destinés aux programmes "écologie, développement et mobilité durables" ont été supprimés.
Tandis que l'un d'entre eux, intitulé "énergie, climat et après-mines", a subi une baisse de crédit d'un milliard d'euros, le "fonds d'accélération de la transition écologique dans les territoires" perd plus de 400 millions d'euros. L'écologie à la française...
La recherche, autre victime collatérale du décret
En décembre dernier, Emmanuel Macron assurait, devant bon nombre de chercheurs scientifiques, vouloir lancer une "vraie révolution (...) en transformant l'organisation de la recherche en France". Sa première mesure à cet effet ? Une réduction de 904 millions d'euros pour le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche ! Ces annulations de crédits représentent presque 3 % de son budget total. Selon Le Monde, ces 904 millions d'euros équivalent à un peu plus de 8 % de l'effort total demandé, pour des dépenses d'un secteur qui représentent seulement 5,5 % du budget général.
L'enseignement supérieur et la recherche représentent donc, eux aussi, les branches les plus touchées par ce serrage de vis. "C'est un choc et une sidération. On n'a jamais vu cela depuis plus de quinze ans. C'est évidemment inacceptable et cela envoie un signal catastrophique pour la recherche", s'emporte Boris Gralak, secrétaire général du Syndicat de la recherche scientifique, dans les colonnes du Monde.
Parmi les 904 millions d'euros de dépenses annulées, 588 millions d'euros étaient initialement destinés à l'enseignement supérieur. Le ministère concerné précise que cette baisse portera "essentiellement sur les réserves de précaution, des reports de projets pluriannuels immobiliers, d'investissements ou d'équipements de recherche, et un ajustement sur les appels à projets de l'Agence nationale de la recherche". Les salaires des acteurs du secteur, les moyens des laboratoires et les différentes aides à la vie étudiante - comme le logement étudiant et les repas du Crous - devraient être préservés.
Des emplois menacés dans les établissements scolaires ?
L'école, toujours autant une "priorité absolue" pour le Premier ministre Gabriel Attal ? Après le catastrophique épisode d'Amélie Oudéa-Castéra à la tête du ministère de l'Éducation nationale, un nouveau coup dur est attendu pour le personnel scolaire : le décret publié au Journal officiel jeudi 22 février prévoit l'annulation de 691,6 millions d'euros de crédits destinés au secteur.
Même si le gouvernement assure que cette coupe budgétaire n'entraînera pas de suppressions de postes et n'aura aucun d'impact sur les recrutements et les réformes engagées, 478 millions d'euros des 691 millions d'euros économisés sont initialement des fonds consacrés à des dépenses de personnel, notamment dans l'accompagnement d'élèves en situation de handicap ou dans le domaine de la vie scolaire (261,8 millions).
D'autres secteurs pâtiront également des effets du décret. Selon l'AFP, alors que l'aide publique au développement perd 740 millions d'euros, l'aide à l'accès au logement est raboté de 300 millions d'euros. La police nationale et l'administration pénitentiaire, quant à elles, se voient respectivement retirer 134 millions d'euros et 118 millions d'euros. Le dispositif MaPrimeRénov', qui permet de financer des travaux de rénovation énergétique, n'augmentera, de son côté, que d'un milliard d'euros à la place des deux milliards initiaux.
Et ce "régime budgétaire" ne s'arrête pas là pour cette année 2024 : l'exécutif souhaite économiser 12 milliards d'euros supplémentaires d'ici cet été. Encore l'occasion de freiner les efforts environnementaux du pays ?
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