Environnement : La France est-elle au rendez-vous de l'enjeu planétaire ?
Quelques jours après la présentation du projet de loi de finances pour l'année 2024, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, accompagné des ministres Christophe Béchu, Agnès Pannier-Runacher, et Thomas Cazenave, ont dévoilé les dessous de la quatrième édition du "budget vert". Conçu pour rendre compte des actions de planification écologique et pour identifier les dépenses budgétaires et fiscales favorables et défavorables à l'environnement, celui-ci représente un pilier majeur de l'engagement de la France en faveur de la transition écologique.
Principal enseignement à tirer de cette présentation : la hausse du budget alloué à l'enjeu climatique. "Le projet de loi de finances pour 2024 confirme la pleine mobilisation de l'État en faveur de la transition écologique avec une hausse inédite de 7 milliards d'euros, en cohérence avec les trajectoires physiques présentées dans le cadre de la planification écologique", se félicitent les membres du gouvernement dans un communiqué. Ainsi, cette revalorisation à hauteur de 7 milliards d'euros permettra à l'exécutif de consacrer 40 milliards d'euros à la cause environnementale pour 2024.
Le budget a été pensé autour d'un périmètre bien précis, correspondant "à l'ensemble des dépenses favorables hors relance et hors dépenses fiscales au sens du budget vert, auxquelles s'ajoutent les dépenses identifiées comme des leviers prioritaires de la planification écologique", précise le communiqué. Et cela dépasse nettement les recettes environnementales affectées au budget de l'État prévues pour l'année prochaine. En effet, ces dernières sont estimées à hauteur de 26 milliards d'euros environ, soit 14 milliards de moins que les dépenses programmées.
"L'année 2024 est beaucoup plus ambitieuse que les précédentes. Et ce, notamment en terme de montant et d'effectif. Globalement, dans ce pôle ministériel de transition écologique, c'est 15 % de progression des crédits et 760 nouveaux postes prochainement créés", affirmait Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, devant la Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, mercredi dernier. Cette allocation budgétaire sera principalement dédiée à l'accélération de la rénovation énergétique des bâtiments, mais elle couvrira également le financement du développement des véhicules électriques, des sources d'énergie renouvelable, ainsi que des améliorations à apporter pour le secteur des transports en commun.
Est-ce réellement suffisant ?
Parmi les objectifs du pays en matière de planification écologique, le président de la République Emmanuel Macron a évoqué, à la fin du mois de septembre, la production d'un million de voitures électriques et d'un million de pompes à chaleur d'ici 2027, ainsi que l'objectif de passer "de 60 % d'énergies fossiles à 40 % à l'horizon 2030". La fermeture de l'ensemble des centrales à charbon d'ici la fin du mandat ou encore la création de 13 RER métropolitains ont également été abordées.
Cette liste - non exhaustive - de projets étatiques en faveur de la protection de l'environnement suffira-t-elle pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 et pour respecter l'objectif "Fit for 55" fixé par la Commission européenne ? Celui-ci correspond à la réduction des émissions de gaz à effet de serre à hauteur de 55 % d'ici à 2030 par rapport au niveau de 1990. Le rythme actuel de la France lui a permis de réduire ses émissions de CO2 de seulement 25 % jusqu'à présent. Pour parvenir à respecter les exigences européennes, il sera donc nécessaire d'accélérer encore davantage les efforts.
L'écologie "à la française", qui serait "accessible et juste", promise par le président de la République est-elle la solution ? Les experts climatiques ne partagent pas l'optimisme des décideurs français : "Les tendances actuelles ne sont pas du tout compatibles avec la stabilisation du réchauffement, qui permettrait d'assurer un monde vivable et équitable. Des efforts ont été faits, mais ils n'atteignent pas l'échelle suffisante pour une baisse suffisamment rapide des émissions de gaz à effet de serre", estimait Valérie Masson-Delmotte, au micro de France Info.
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