La violence économique concerne 4 femmes sur 10
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La violence conjugale n'est pas seulement physique ou verbale. Elle peut également revêtir une forme économique. Et ce phénomène est plus répandu que ce que nous pourrions penser. C'est ce que révèle un sondage Ifop mené pour la newsletter littéraire et féministe Les Glorieuses et publié ce mardi 31 octobre.

Opposition à l'ouverture d'un compte bancaire personnel, non paiement de la pension alimentaire, saisie d'une partie des revenus... Les exemples sont nombreux pour illustrer ce phénomène : "Les violences économiques font partie des choses très insidieuses qui peuvent se mettre en place dans un couple. L'objectif pour l'auteur est de rendre complètement dépendante et de mettre sous emprise sa victime. Cela peut passer par empêcher l'accès à un compte bancaire personnel, contrôler les dépenses, vérifier les tickets de caisse...", explique Sophie Tellier, médecin légiste à la Maison des Femmes de Saint-Denis, une unité spécialisée dans la prise en charge des femmes victimes de violences.

Et selon le sondage, 41% des femmes ayant déjà été en couple ont connu au moins une fois une forme de violences économiques. Celles-ci se caractérisent donc par un contrôle, un appauvrissement ou un manque à gagner qui peuvent aller jusqu'à la dépossession totale des moyens d'autonomie financière des femmes.

De même, 16 % des femmes assurent subir ou avoir déjà subi un contrôle de leurs finances par leur partenaire. Cela peut s'apparenter à un vol d'argent, un contrôle des dépenses, un blocage des cartes bancaires ou encore une opposition au fait que la femme ait un compte bancaire personnel. C'est le cas d'Isabelle, qui a accordé son témoignage au HuffPost France : "Il avait appelé le banquier pour lui dire que la carte était perdue, sans me prévenir et alors qu'il savait que ça n'était pas le cas, se souvient-elle. C'est arrivé très souvent, à la fin j'avais une pile d'une vingtaine de cartes bleues pour lesquelles il avait fait ce truc-là. Il se servait de son emprise financière pour couper les cartes n'importe quand", se souvient-elle.

Le déséquilibre financier à l'origine d'une plus grande violence économique

Parallèlement, l'étude met en exergue une autre situation fréquemment évoquée : Près de deux femmes sur dix ont déjà été contraintes de faire 50/50 sur les dépenses du couple face à l'insistance du partenaire alors que ce dernier a une rémunération nettement plus importante. Et selon le sondage, celle-ci ont deux fois plus de chances d'être victime de violences économiques conjugales si elles gagnent beaucoup moins que leur conjoint (27 % contre 14 % lorsque les revenus sont équivalents).

Cette forme de violence est rarement isolée : 99% des femmes victimes de violences économiques conjugales ont également subi d'autres formes de violences conjugales telles que verbales, physiques ou psychologiques. Et ce, très souvent en même temps que les violences économiques (32 %). "Nous le savions mais ce sondage le confirme, les violences conjugales ont un caractère interdépendant et peuvent se cumuler. Le fait d'être victime d'une forme de violences conjugales rend la personne plus vulnérable à l'ensemble des situations de violences conjugales", affirme le collectif Les Glorieuses dans un communiqué.