Pourquoi les travailleurs sont de plus en plus anxieux vis-à-vis de leur situation professionnelle ?

Selon les données recueillies par la Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (Dares), 36% des travailleurs, à l'exception des alternants et stagiaires, ont exprimé divers motifs d'insatisfaction en ce qui concerne leur situation professionnelle. Désir de changer d'emploi, la volonté de travailler plus ou moins, ou encore le mécontentement envers un contrat temporaire non choisi ou envers un employeur... Les motifs d'insatisfaction sont multiples.

De même, le groupe de protection sociale français Malakoff Humanis a montré, dans un baromètre publié ce jeudi 19 octobre, la hausse et l'imbrication des fragilités d'origine professionnelle et personnelle qui touchent les salariés. Difficultés financières, situations familiales compliquées, position d'aidant, maladies graves, perte de sens, épuisement professionnel, éco-anxiété... Là aussi, les raisons de fragilités des salariés peuvent être variées.

Le baromètre montre que 52 % des dirigeants déclarent connaitre un ou plusieurs salariés en situation de fragilité d'origine professionnelle. Les salariés sont, quant à eux, de plus en plus nombreux (78 % contre 72 % en 2020) à considérer que la prise en compte des situations de fragilité est un sujet important pour les entreprises.

"Conscients de ces difficultés et de l'impact sur l'engagement de leurs collaborateurs et sur la performance de leurs entreprises les dirigeants se révèlent prêts à agir, et les salariés en attente d'actions concrètes de leur entreprise", analyse le groupe à but non lucratif dans son étude. En effet, selon elle, 83 % des dirigeants interrogés se déclarent préoccupés par les situations de fragilité que peuvent connaître les salariés de leur entreprise (un sur deux se dit même "très préoccupés").

La baisse du pouvoir d'achat, principale inquiétude des salariés

Dans le contexte inflationniste que l'Hexagone connaît depuis près de deux ans, les difficultés financières et la peur de la perte de revenus représentent la première préoccupation des employés. Alors qu'ils étaient 65 % en 2020, ils sont aujourd'hui 7 sur 10 à se sentir fragiles vis-à-vis de cette problématique.

Un autre baromètre publié par la société Cofidis en septembre dernier montre que les Français prévoient en majorité une nouvelle baisse de leur pouvoir d'achat dans les 12 prochains mois. Selon eux, la somme qui leur manque pour pouvoir "vivre confortablement" atteint les 588 euros par mois.

Plus édifiant : 37% des personnes interrogées par Cofidis affirment être à découvert au moins une fois par an, pour un montant qui s'élève en moyenne à 361 euros. Plus de 4 Français sur 10 estiment que le recours au découvert pourrait augmenter dans les mois à venir. Cette situation abaisse le moral des salariés et accentue les difficultés psychologiques (insomnie, anxiété, dépression...) chez les Français.

Selon Malakoff Humanis, elles concernent désormais 59 % des salariés, soit 9 % de plus par rapport à 2020. C'est considérable ! Les problèmes familiaux (47 % contre 33 % en 2020) et la crise environnementale (20 %) sont également sources de baisse du moral des travailleurs hexagonaux.

Un impact sur le travail

Et toutes ces fragilités ne sont pas sans conséquence pour l'activité professionnelle : Plus de 7 salariés sur 10 reconnaissent qu'elles ont un impact sur leur engagement, leur productivité ou encore sur leur potentielle évolution. Près de la moitié des dirigeants estiment, quant à eux, qu'elles affectent la performance de l'entreprise et l'engagement des salariés.

Le rôle de l'entreprise prend ici toute son importance : 78 % des salariés et 88 % des dirigeants estiment légitime l'intervention de l'entreprise face aux situations de fragilités d'origine professionnelle.