Pourquoi les open space nuisent à la santé des salariés en France ?
Apparus il y a une trentaine d'années, les open space pullulent dans l'Hexagone. En 2019, 3,2 millions d'employés - soit deux salariés de bureau sur cinq - travaillaient dans ce type d'aménagement destiné à perfectionner la productivité en améliorant la communication entre collaborateurs, et à réduire les coûts immobiliers en optimisant les espaces de travail.
Toutefois, selon un rapport publié au début du mois de décembre par la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail (Dares), les conditions des travailleurs en open space sont globalement moins bonnes que pour ceux qui travaillent en bureau classique.
Le bruit et la chaleur sont les principaux effets indésirables des bureaux paysagers ("open space" en français). En effet, ces salles de travail étant souvent des lieux clos ventilés de manière artificielle, les salariés qui y travaillent subissent plus fréquemment une température élevée (20 % contre 18 % en bureau classique).
Des conséquences pour la santé des salariés
Ils sont également un peu plus nombreux à ne pas pouvoir entendre un collègue, placé à deux ou trois mètres, qui leur adresse la parole (8 % contre 6 %). "Cela peut affecter le travail, par une distraction accrue, une intimité réduite et des difficultés de concentration", expliquent Tiphaine Do et Audrey-Rose Schneider, les auteures de l'étude, qui précisent que "cela peut aussi conduire à recourir à des stratégies d'adaptation, par exemple, en travaillant à la maison plutôt que dans les locaux de l'employeur".
Et tout cela entraîne un état de santé dégradé chez les salariés en open space. Selon le rapport, ils présentent un risque supérieur de déclarer un état de santé altéré par rapport aux salariés en bureau classique. D'ailleurs, tandis que ceux qui travaillent dans un open space sont 34 % à avoir été contraints de poser un arrêt maladie au cours des 12 derniers mois, cela ne concerne que 27 % des autres employés.
"Ce phénomène pourrait s'expliquer, d'une part, par une exposition au bruit et aux virus plus importante en open space, et d'autre part, par des facteurs de risques psychosociaux", exposent Tiphaine Do et Audrey-Rose Schneider dans l'étude. Les chiffres de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) confirment cette analyse : Les salariés en open space sont un peu plus nombreux à avoir un risque élevé de dépression que les autres (10 % contre 8 %).
Pas davantage de tensions en open space
En revanche, l'open space présente tout de même certains avantages. Par exemple, les salariés travaillant dans ces bureaux sont moins nombreux que les autres à se trouver dans un lieu de travail sale, humide, et à subir des courants d'air (15 % contre 18 %) ou des mauvaises odeurs (12 % contre 15 %). Ils sont aussi moins souvent privés d'une vue sur l'extérieur (10 % contre 13 %)
De même, le soutien entre collègues est plus fort en open space qu'en bureau classique : Alors que 92 % des premiers reçoivent de l'aide lorsqu'ils ont du mal à réaliser une tâche, seuls 86 % des seconds sont épaulés. De plus, la proximité entre employés qu'entraîne l'open space n'est pas forcément source de tensions. Effectivement, l'étude montre qu'un salarié sur cinq, qu'il soit en open space ou non, identifie des malaises et des frictions au sein de son entreprise.
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