Joseph V. Amato, Neuberger Berman.
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L'engagement des actionnaires est inscrit dans la durée, et pas seulement au cours de la saison des votes par procuration.

Un aspect important, mais certainement pas le seul, de la détention d'actions d'une entreprise est le vote relatif aux problématiques de gouvernance. Cela se traduit par le vote par procuration lors des assemblées d'actionnaires. Cette " saison " bat son plein au Japon et s'achève en Europe et en Amérique du Nord.

Comme les années précédentes, nous avons publié nos intentions de vote en amont de certaines assemblées générales sur notre page web, à la rubrique " NB Votes ", en mettant l'accent sur les entreprises où nos clients ont une exposition économique significative et où nous pensons que la proposition de vote est liée à un sujet financièrement important. Nous pensons avoir été le premier grand gestionnaire d'actifs à annoncer régulièrement à l'avance nos intentions de vote avec des raisonnements détaillés pour un nombre substantiel de votes, et c'est un engagement de transparence que nous prenons très au sérieux.

Alors que la saison des procurations met l'accent sur l'engagement des actionnaires, nous pensons qu'il est important de rappeler que l'engagement est crucial pour une gestion active tout au long de l'année et qu'il ne se limite pas au vote. En effet, nous pensons que l'engagement devient de plus en plus important pour garantir les rendements à long terme et cela s'explique par trois raisons principales.

Une évolution rapide

La première raison est tout simplement que l'environnement économique évolue de plus en plus rapidement et qu'il est de plus en plus risqué.

Les sujets que nous considérons comme financièrement centraux pour les entreprises continuent d'évoluer. Il y a deux ans, peu de gens auraient imaginé qu'une question stratégique clé pour presque toutes les entreprises serait de savoir comment elles prévoient d'intégrer l'intelligence artificielle (IA) dans leurs activités.

Ces dernières semaines, à la veille des votes dans des entreprises telles que Meta et Alphabet, nous avons débattu de la manière de réagir à l'incapacité du secteur technologique à assurer la sécurité des enfants sur les médias sociaux, qui dure depuis dix ans, et de ce que nous pouvons faire pour éviter des échecs similaires concernant les risques potentiels de l'IA. Bien que nous reconnaissions les progrès récents de ces entreprises, nous avons continué cette année à soutenir un certain nombre de propositions d'actionnaires relatives à la surveillance de l'IA, aux fake news et la désinformation par l'IA, l'impact de l'utilisation de l'IA dans la publicité ciblée et les mesures de sécurité pour les enfants.

La plupart des entreprises n'ont toutefois pas reçu de proposition d'actionnaire sur l'IA, ce qui signifie que les actionnaires n'ont pas eu l'occasion de voter sur la question. Depuis le début de la saison des procurations, nous n'avons vu que 11 propositions dans 8 entreprises. Ce n'est pas parce que l'impact de l'IA est moins important financièrement dans d'autres entreprises. C'est pourquoi nous pensons qu'il incombe aux investisseurs de s'engager directement auprès des entreprises, en dehors de la saison des procurations, afin de comprendre leurs politiques et leur gouvernance en matière d'IA. C'est ce que nous avons fait avec des entreprises de différents secteurs.

Les médias et le divertissement sont l'un des secteurs où l'IA a des répercussions rapides. Dans les périodes de changement et d'incertitude, il est d'autant plus important de disposer d'une gouvernance solide et d'un leadership stable. Les conseils d'administration jouent un rôle important à cet égard en supervisant des processus solides de planification de la succession des PDG, et pour nous, Disney est une illustration de l'importance de ce point.

Selon nous, la mauvaise gestion par le conseil d'administration de Disney du premier plan de succession de Bob Iger a été une distraction coûteuse à la continuité et la performance de l'entreprise, compte tenu de l'échelle et de la complexité des activités de la société et du contexte difficile de l'industrie. En avril, nous avons soutenu la tentative d'élection de Nelson Peltz et de James Rasulo au conseil d'administration. Avec un nouveau processus de planification de la succession du PDG en cours, nous avons pensé qu'il serait utile d'avoir de nouvelles perspectives. Bien que cette tentative ait finalement échoué, notre vote visait à communiquer un message très clair au conseil d'administration, à savoir que ce deuxième processus de planification de la succession doit être plus concluant.