La semaine de 4 jours et la France
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Après les 35 heures, la semaine de 4 jours ? Pour cela, il faudra être patient car une telle mesure n'est pas à l'ordre du jour du pouvoir actuel : "Je pense que dans certaines entreprises, il peut y avoir des négociations pour mettre en place cette semaine de quatre jours, mais, selon moi, nous ne pouvons pas du tout imposer une telle mesure générale", estimait la Première ministre Élisabeth Borne, en 2022, lorsqu'elle était encore ministre du Travail.

Pourtant, cette proposition - qui s'installe de plus en plus dans le débat public - est plébiscitée par les Français : selon un sondage mené par l'institut YouGov et publié par le HuffPost en mai dernier, 75 % des Français sont favorables à la semaine de travail de quatre jours, à condition de conserver leur salaire. De même, de plus en plus d'entreprises décident, de manière spontanée, la mise en place d'un rythme de 4 jours de travail par semaine. Ainsi, 10 000 salariés français ont expérimenté cette nouvelle organisation du travail durant la première moitié de l'année.

Plus de temps pour s'occuper de soi

Cette tendance actuelle s'inscrit dans l'idée du partage du travail afin d'améliorer l'attractivité des entreprises, qui font parfois face à des difficultés de recrutement. De plus, cette organisation du travail répondrait à la volonté de certains travailleurs de mieux concilier vie privée et vie professionnelle. "Les salariés peuvent profiter de la journée libre supplémentaire pour regrouper sur ce temps les corvées administratives, rendez-vous médicaux ou autres. Ils parviennent mieux à séparer les moments où ils travaillent et ceux où ils ne travaillent pas", affirment Thomas Laborey, fondateur du cabinet Blooming Partners, et Francis Boyer, consultant en innovation managériale. De plus, selon les estimations des deux experts qui ont procédé à plusieurs audits auprès d'entreprise ayant expérimenté le dispositif, 7 salariés sur 10 estiment être moins fatigués et que leur charge mentale a diminué.

L'illustration européenne la plus édifiante des bienfaits que peut présenter la semaine de 4 jours de travail est celle de l'Islande. À partir de 2015, le pays a lancé un grand projet avec 200 entreprises de semaines de 4 jours pour un total de 35 heures travaillées. Résultat ? Une diminution du stress et de l'épuisement des travailleurs a été constatée par les chercheurs. Forte de cette expérimentation réussie, la "Terre de glace et de feux" a, depuis, généralisé cette organisation. Ainsi, près de 9 Islandais actifs sur 10 bénéficient actuellement de ce dispositif.

Qu'en pensent les économistes ?

Selon l'expert du marché du travail Éric Heyer, cette nouvelle organisation pourrait, peu à peu, davantage se propager dans l'Hexagone, sous l'impulsion des entreprises elles-mêmes. "La semaine de quatre jours n'est pas une politique qui va être imposée par le gouvernement, mais elle va diffuser dans les entreprises sous la pression de la concurrence. En mode incitatif, elle peut être une voie de sortie de la crise de la valeur travail", estime-t-il.

Ensuite, si la semaine de 4 jours est synonyme de réduction du temps de travail, certains économistes se montrent plutôt réticents, à l'instar de Stéphane Carcillo, directeur de la division Emploi et Revenus de l'OCDE. Selon lui, un jour de travail en moins - soit une réduction de 20 % du temps de travail hebdomadaire - aurait "des effets sur l'économie qui risquent d'être assez négatifs" et provoquerait "un choc sur le coût horaire du travail". En revanche, si la semaine de 4 jours est seulement une répartition des 35 heures sur 4 journées à la place de 5, cela n'aurait pas d'impact pour l'économie française.