Quel regard portent les jeunes générations sur leur éducation ?
Une perte de repères et un besoin d'ancrage fondamental chez la jeunesse française ? C'est ce que révèle la consultation "Youth Talks" menée par l'ONG The Higher Education for Good Foundation (HE4G) auprès de 45 000 jeunes âgés de 15 à 29 ans, dont 4 400 Français.
Selon l'étude, 31% des participants priorisent l'apprentissage de valeurs facilitant le vivre ensemble. Le respect, la solidarité et la tolérance pour l'avenir doivent, selon eux, davantage s'inscrire dans le socle commun de connaissances et de compétences, tout comme les enjeux d'inclusion ou de diversité.
"Je pense que ce qui serait important d'apprendre dès le plus jeune âge, c'est d'écouter l'autre, d'entendre l'autre et de respecter le choix de l'autre. C'est de comprendre en fait que ce n'est pas parce que l'autre ne pense pas comme moi qu'il est contre moi. Pas du tout. Et je pense que c'est une notion qu'on ne nous a pas assez apprise", témoigne Daisy, l'une des ambassadrices de la consultation.
Inculquer davantage l'éducation sexuelle ou la gestion des finances personnelles ?
Parallèlement, seulement 1 jeune sur 10 considère les matières traditionnelles telles que les sciences humaines (langues et culture), les sciences sociales (histoire et géographie) et les sciences dures (mathématiques et informatique) comme étant fondamentales. Éducation sexuelle, compétences culinaires ou de survie, gestion des finances personnelles... Les compétences pratiques de vie sont, en revanche, plus réclamées par les jeunes générations que les matières traditionnelles.
Alice Guilhon, présidente de l'ONG, estime que le cursus scolaire actuel doit s'adapter aux différents besoins de la jeunesse et aux nouvelles tendances contemporaines : "Nous nous apercevons que les jeunes générations ont des attentes non seulement dans le contenu des enseignements mais aussi dans la façon dont les professeurs doivent désormais enseigner. Avec l'avènement de la digitalisation et de l'IA générative, il est évident qu'ils ont accès à la connaissance de façon immédiate. Le rôle des professeurs n'est plus de répéter ou d'expliquer mais de jouer un rôle de mentor ou de coach, de facilitateur pour accompagner les apprenants à être compétents et non plus seulement sachants", affirme-t-elle.
La jeunesse prête à sacrifier son confort pour protéger la planète ?
Autre enseignement : Les jeunes Français accordent une grande importance aux préoccupations environnementales, mais lorsqu'ils envisagent leur avenir personnel, ces questions deviennent plutôt secondaires. Pour eux, la crise environnementale est souvent perçue comme un défi collectif (56 %), plutôt qu'un défi personnel. Même si 40 % des participants estiment qu'il est nécessaire de renoncer à certaines pratiques pour protéger l'environnement, les jeunes restent nombreux à ne pas souhaiter pousser trop loin les efforts à cet effet.
En effet, un Français âgé de 15 à 29 ans sur quatre n'est pas encore prêt à renoncer à ses loisirs comme les voyages ou à sa vie sociale pour lutter contre le dérèglement climatique. De même en ce qui concerne la consommation matérielle (25 %), les ambitions personnelles (17 %) ou encore le bien-être (15 %).
"Je ne suis pas prêt à renoncer à mon confort. En tout cas, pas avant que ce soit à mon tour de le faire. Quand toutes les institutions plus riches et plus consommatrices, tout ceux ayant plus d'impact se réveilleront, j'imagine que ce sera au tour de ma ville, puis de mon immeuble, et ensuite, à mon tour. Et là je le ferai", assume Joseph, 26 ans, un autre ambassadeur de l'enquête Youth Talks. Une inquiétude pas si généralisée malgré l'importance de l'enjeu...
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