Passoires thermiques
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Haro sur les passoires thermiques ! En France, le bâtiment serait le deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre. Il représente à lui seul 27 % des émissions de CO2 et près de 45 % de la consommation d'énergie finale. Le secteur du bâtiment a donc un rôle central à jouer dans l'atteinte de la neutralité carbone à l'horizon 2050.

Mais dans cette lutte, ce sont les propriétaires immobiliers qui sont en première ligne.

Pour accélérer la décarbonation, un décret du 18 août 2023 précise l'interdiction progressive de louer les immeubles trop énergivores. La conclusion d'un nouveau bail est progressivement interdite en fonction de la classe énergétique des immeubles. L'échéancier est connu : 2025 pour tous les logements classés G, 2028 pour les logements classés F et 2034 pour les logements classés E.

Selon une étude de l'Observatoire national de la rénovation énergétique, 19,8 % des biens loués à titre de résidences principales sont des passoires énergétiques (classe F et G), soit 1,579 million de logements. 44 % du parc immobilier locatif privé à titre de résidence principale, soit 3,43 millions de logements, seront donc visés par l'interdiction de location d'ici 2034 (classe G, F et E).

Certes, le décret prévoit cependant des exceptions pour les immeubles classés et ceux situés dans des copropriétés difficiles. Une exception est aussi possible si les travaux de rénovation énergétique "font courir un risque de pathologie du bâti" et sont notamment susceptibles d'affecter "les structures ou le clos et couvert du bâtiment".

Comme les critères de performance s'appliquent au parc privé (location nue ou meublée) comme au parc social, il est difficile d'y échapper.

Seule solution : passer son logement en location saisonnière (meublés touristiques).

Alors que les locations courtes agacent les maires des grandes villes, les dispositions de l'article 6 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 sur la décence ne s'appliquent toujours pas aux locations Airbnb. Un comble au moment où l'Assemblée et le gouvernement multiplient les amendements pour en alourdir la fiscalité.

Comme un pied de nez, la plateforme américaine a lancé en France en octobre 2022 un plan "hébergement durable" doté de 1 million d'euros. Elle travaille avec l'entreprise spécialisée Effy pour accompagner ses hébergeurs dans leur parcours de rénovation, notamment sur le casse-tête des démarches administratives. En plus des aides qu'ils peuvent éventuellement mobiliser par ailleurs, elle apporte un coup de pouce financier. 5 000 membres de la communauté se sont montrés intéressés et 200 ont d'ores et déjà obtenu un financement pour réaliser leurs travaux.