Manifestations de dernière minute en France contre la réforme des retraites de Macron
Des centaines de milliers de personnes devraient à nouveau descendre dans la rue à travers la France jeudi pour protester contre la réforme des retraites du président Emmanuel Macron, lors d'une dernière journée de manifestations avant une décision de justice cruciale sur la législation.
La police s'attend à ce qu'environ 400 000 à 600 000 personnes participent à l'échelle nationale. Ce serait moins de la moitié des près de 1,3 million atteints en mars au plus fort des protestations contre les réformes, qui incluent le relèvement de l'âge de la retraite de 62 à 64 ans.
Néanmoins, "ce n'est pas le moment d'abandonner, car c'est ce à quoi Macron s'attend", a déclaré Johan Chivert, étudiant dans la région de la Creuse, dans le centre de la France.
"Il faut continuer et montrer que les gens sont contre cette réforme."
Les forces de sécurité sont en alerte pour les fauteurs de troubles, avec environ 1 500 manifestants anarchistes et radicaux attendus à Paris, tandis que des villes régionales comme Nantes et Rennes sont à nouveau considérées comme à risque d'affrontements.
Tous les regards sont actuellement tournés vers la Cour constitutionnelle, qui doit se prononcer sur la légalité du projet de loi sur les retraites.
"La décision de la Cour constitutionnelle de vendredi mettra fin aux procédures démocratiques et constitutionnelles", a déclaré Macron aux journalistes lors d'un voyage aux Pays-Bas mercredi, ajoutant que le débat public "se poursuivra, c'est certain".
Si le tribunal donne son feu vert – comme les ministres en sont convaincus en privé – Macron espère signer immédiatement les modifications législatives, ouvrant la voie à leur entrée en vigueur avant la fin de 2023.
Après avoir snobé à plusieurs reprises les appels à des pourparlers avec des dirigeants syndicaux ces dernières semaines, l'homme de 45 ans a déclaré qu'il inviterait des représentants du travail pour des discussions une fois la décision du tribunal publiée.
"Je sais qu'il restera des traces de nos désaccords actuels mais je le ferai (appel aux pourparlers) dans un esprit de concorde et avec la volonté de regarder vers l'avenir, quelle que soit la décision annoncée", a-t-il ajouté.
Si la loi est approuvée, il reste à voir si les syndicats déclencheront davantage de grèves, avec un élan clairement en baisse et des employés réticents à renoncer aux salaires pour ce qui semble être une bataille perdue d'avance.
La plupart des trains circuleront jeudi à la SNCF et à la RATP, anciens bastions de la participation à la grève.
Entre-temps, la DGAC a demandé aux transporteurs de réduire de 20 % les vols vers les aéroports de Nantes, Bordeaux et Toulouse, bien loin des perturbations passées.
Mais le syndicat d'extrême gauche CGT a appelé à de nouvelles grèves des travailleurs de la raffinerie et des éboueurs, dont le débrayage a laissé les rues de Paris se remplir d'ordures pendant trois semaines en mars.
Des ouvriers ont bloqué l'entrée de la raffinerie de Feyzin près de Lyon pendant deux heures tôt jeudi avant que la police n'intervienne, a indiqué la préfecture locale à l'AFP. D'autres ont bloqué un incinérateur d'ordures en dehors de Paris.
"La mobilisation doit se poursuivre car ce projet de loi ne peut pas voir le jour", a déclaré jeudi à France 2 Manuel Bompard, l'un des principaux députés du parti d'opposition d'extrême gauche France insoumise.
En fonction de la décision du tribunal, les syndicats pèsent un appel à des manifestations de masse le 1er mai, la fête du travail, soit réparties dans tout le pays, soit concentrées à Paris.
Les sondages montrent qu'environ deux Français sur trois sont contre le changement des retraites, mais Macron soutient qu'ils sont essentiels pour empêcher le système de tomber dans de lourds déficits dans les décennies à venir.
Les critiques accusent le président d'avoir bafoué l'opinion publique et le parlement, où le gouvernement minoritaire a invoqué des pouvoirs exécutifs controversés pour faire adopter la législation sans vote fin mars.
S'exprimant aux Pays-Bas, Macron a lié les modifications des retraites à la nécessité pour la France de contrôler les dépenses publiques et à son programme plus large de resserrement des liens économiques entre les membres de l'UE.
"Je suis fier du modèle social français et je le défends mais si on veut le pérenniser il faut produire plus", a-t-il déclaré.
"Nous devons réindustrialiser le pays. Nous devons réduire le chômage et nous devons augmenter la quantité de travail fourni dans le pays. Cette réforme des retraites en fait partie."
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