Macron promet d'accélérer le droit constitutionnel à l'avortement
Le président français Emmanuel Macron a déclaré mercredi que son gouvernement présenterait un projet de loi inscrivant le droit à l'avortement dans la Constitution française d'ici quelques mois.
Dans un discours rendant hommage à feu Gisèle Halimi, militante féministe et pionnière des droits reproductifs, Macron a déclaré qu'un amendement à la constitution serait soumis au parlement.
"Cela consacrera la liberté des femmes de choisir l'avortement et sera une garantie solennelle que rien ne pourra jamais limiter ou abolir ce droit car il sera devenu irréversible", a-t-il déclaré.
"Les droits des femmes sont toujours une conquête fragile", a déclaré Macron.
L'Assemblée nationale française avait en novembre 2022 déjà voté en faveur du changement constitutionnel, mais sans se prononcer sur un calendrier.
Ce mois-ci, les sénateurs français ont également soutenu le plan, mais la chambre, où les conservateurs sont majoritaires, a modifié le libellé du texte en "liberté des femmes" pour avorter, du "droit des femmes" du parlement.
Emmanuel Macron a déclaré mercredi que les progrès réalisés dans les débats parlementaires "permettront, c'est mon souhait, d'inscrire dans notre loi fondamentale cette liberté dans le cadre d'un projet de loi qui réviserait notre constitution et qui sera préparé dans les mois à venir".
Cette décision a peut-être été accélérée après que la Cour suprême des États-Unis a annulé le droit à l'avortement en juin, provoquant des pressions de la part des militants pour que la France fasse l'inverse, symbole de son engagement en faveur des droits des femmes.
Macron s'exprimait lors d'un hommage national à Halimi, décédé en 2020 à l'âge de 93 ans après une longue carrière d'avocat, de militant et d'homme politique.
Dans une affaire historique en 1972, elle a obtenu l'acquittement d'une mineure qui était jugée pour avortement après être tombée enceinte suite à un viol.
Mais le choix de Macron de se concentrer sur Halimi lors de la Journée internationale de la femme a suscité une certaine résistance, même au sein de sa famille.
Son fils Serge Halimi, journaliste, s'est tenu à l'écart de la cérémonie, affirmant qu'elle intervenait "au moment où le pays se soulève contre une réforme des retraites extrêmement injuste".
Plusieurs manifestations à l'occasion de la Journée de la femme à travers le pays comprenaient des protestations contre la réforme de la retraite qui, selon certains critiques, fait que les femmes sont moins bien loties que les hommes.
Violaine Lucas, présidente de "Choisir la cause des femmes" que Halimi a cofondée en 1971, a déclaré que les politiciens "détournaient" l'héritage de Halimi à leurs propres fins.
Mais l'autre fils de Halimi, Jean-Yves Halimi, a pris la parole lors de la cérémonie de mercredi, saluant sa "place dans l'histoire" grâce à l'hommage.
L'avortement a été décriminalisé en France en 1975.
Les lois successives ont visé à rendre les avortements sûrs, anonymes et gratuits.
Mais les associations pro-choix affirment que les femmes qui souhaitent avorter sont encore souvent confrontées à des préjugés et à de l'hostilité.
Mercredi, plusieurs ont salué l'initiative de Macron de donner un statut constitutionnel au droit à l'avortement.
La "Fondation des Femmes" a déclaré que c'était "un signal fort pour toutes les femmes du monde" qui montrait que "nous soutenons partout la lutte des femmes militantes".
L'organisation pro-choix Planning Familiale a déclaré que cette décision était une victoire pour les associations féministes. "Les féministes du monde regardent vers la France", a-t-il déclaré.
Mais l'association anti-avortement Alliance Vita a déclaré que Macron faisait "un usage politique grossier et indécent de la douloureuse question de l'avortement".
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