Macron appelle au calme au milieu de la fureur des pensions françaises avant des votes cruciaux
Le président français Emmanuel Macron a déclaré dimanche qu'il espérait que son plan de réforme des retraites âprement contesté, imposé au Parlement sans vote, pourrait terminer "son parcours démocratique", un jour avant des votes cruciaux au Parlement.
La législation controversée, qui a conduit à des mois de manifestations au parlement et dans les rues, sera adoptée au parlement lundi à moins que l'une des deux motions de censure au gouvernement ne soit adoptée.
"Après des mois de concertation politique et sociale et plus de 170 heures de débat qui ont abouti au vote d'un texte de compromis entre les (deux chambres parlementaires)...", Macron a exprimé son souhait "que le texte sur les retraites puisse aller à la fin de son parcours démocratique dans le respect de tous ".
Ses mots sont venus dans une déclaration publiée par le bureau du président à l'AFP.
Si elle est adoptée, la réforme de Macron ferait passer l'âge légal de la retraite de 62 à 64 ans ainsi que le nombre d'années que les gens doivent cotiser au système pour recevoir une pension à taux plein.
La décision du gouvernement la semaine dernière de recourir à l'article 49.3 de la constitution pour forcer le projet de loi à être adopté par le parlement sans vote a suscité la colère dans les rues après des semaines de manifestations pour la plupart pacifiques.
Deux dirigeants du parti républicain de droite, dont le chef a déclaré qu'il ne soutiendrait pas les motions de censure, ont fait état de menaces et d'intimidations à leur encontre dimanche.
Les deux motions de censure de lundi ont été déposées par un petit groupe de députés centristes et le Rassemblement national d'extrême droite.
Si les motions de censure tombent, comme la plupart des observateurs s'y attendent, les députés de gauche ont déclaré qu'ils feraient appel au Conseil constitutionnel pour contester la manière dont le gouvernement a imposé la réforme.
"Il n'y aura pas de majorité pour faire tomber le gouvernement, mais ce sera un moment de vérité", a déclaré le ministre des Finances Bruno Le Maire à propos des deux tentatives de renversement du cabinet prévues lundi après-midi.
La décision du gouvernement la semaine dernière de recourir à l'article 49.3 de la constitution - qui autorise l'adoption forcée d'un projet de loi par le Parlement sans vote - a conduit à une quatrième journée consécutive de manifestations dimanche.
"Je suis submergée par un sentiment de colère immense", a déclaré à l'AFP Isabelle Desprez, une enseignante de mathématiques de 54 ans qui manifeste à Lille.
Laurent Berger, chef du syndicat modéré CFDT, a déclaré au journal Libération : "On est passé du sentiment d'être méprisé à un sentiment de colère, notamment parce qu'on a privé les salariés du résultat de leurs protestations".
"Le ressentiment et la colère grandissants doivent servir les manifestations dans un cadre pacifique et ne pas être politiquement exploités", a-t-il ajouté.
Une neuvième journée de grèves et de manifestations est prévue jeudi.
La police a fermé samedi la place de la Concorde à Paris en face du Parlement pour des manifestations après deux nuits successives d'affrontements.
Quelque 122 personnes ont été arrêtées alors que certaines mettaient le feu à des poubelles, détruisaient des arrêts de bus et érigeaient des barricades improvisées autour d'une manifestation de 4 000 personnes dans la capitale.
Dimanche, la police a arrêté 17 autres personnes alors que des manifestants envahissaient le complexe commercial des Halles dans le centre de Paris.
Loin des rues des grandes villes, la CGT a déclaré samedi que les travailleurs fermeraient la plus grande raffinerie de pétrole de France en Normandie, avertissant que deux autres pourraient suivre lundi.
Jusqu'à présent, les grévistes ont seulement empêché les livraisons de carburant de quitter les raffineries, mais pas complètement interrompu les opérations.
L'action industrielle a également interrompu la collecte des ordures dans une grande partie de Paris, avec des milliers de tonnes de déchets maintenant dans les rues, alors même que le gouvernement oblige certains éboueurs à reprendre le travail en utilisant des pouvoirs de réquisition.
Le gouvernement affirme que les réformes des retraites sont nécessaires pour éviter des déficits paralysants dans les décennies à venir liés au vieillissement de la population française.
Mais les opposants à la réforme affirment que la loi impose un fardeau injuste aux personnes à faible revenu, aux femmes et aux personnes qui occupent des emplois physiques, et les sondages ont toujours montré des majorités opposées aux changements.
Lundi, plus d'un demi-million de lycéens entameront la première journée des épreuves du baccalauréat 2023, sur fond de menaces de grève des encadrants.
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