L'UE examine l'investissement de Microsoft dans OpenAI
L'UE, qui s'empresse de réglementer le monde en évolution rapide de l'intelligence artificielle, a annoncé mardi avoir lancé une étude préliminaire sur l'investissement de plusieurs milliards de dollars de Microsoft dans le développeur ChatGPT OpenAI pour voir s'il pourrait s'agir d'une fusion déguisée.
L'examen préliminaire vise à "vérifier si l'investissement de Microsoft dans OpenAI pourrait être révisable en vertu du règlement européen sur les fusions", a déclaré la Commission européenne.
Cette décision fait partie des efforts déployés par Bruxelles pour garantir que sa surveillance réglementaire puisse suivre les développements de l'IA et empêcher les principaux acteurs d'exclure leurs concurrents dans un domaine prometteur de bouleversements dans plusieurs secteurs.
La chef de la concurrence de l'UE, Margrethe Vestager, qui rencontrera cette semaine les principaux patrons de la technologie en Californie, a déclaré qu'"il est fondamental que ces nouveaux marchés restent compétitifs".
"Nous invitons les entreprises et les experts à nous faire part de tout problème de concurrence qu'ils pourraient percevoir dans ces secteurs, tout en surveillant de près les partenariats en matière d'IA pour nous assurer qu'ils ne faussent pas indûment la dynamique du marché", a-t-elle déclaré.
Parallèlement aux réunions avec le patron d'Apple, Tim Cook, et le chef de Google, Sundar Pichai, Vestager devrait également s'entretenir avec le responsable de la technologie et de la stratégie d'OpenAI.
Le lancement du chatbot ChatGPT en novembre 2023 – à l'époque l'application la plus adoptée au monde – a marqué l'arrivée populaire de la révolution de l'IA.
L'année dernière, Microsoft a investi environ 13 milliards de dollars dans OpenAI et a obtenu un siège au conseil d'administration en tant qu'observateur sans droit de vote après un coup d'État avorté contre le PDG Sam Altman, qu'il a soutenu et même brièvement embauché.
L'organisme britannique de surveillance de la concurrence a également déclaré le mois dernier qu'il étudiait si le partenariat entre Microsoft et OpenAI ressemblait à une fusion.
L'IA générative peut produire du texte, des images et du son qui sont souvent impossibles à distinguer de ceux créés par les humains, après avoir été entraînée sur d'énormes quantités de données, lui donnant de nombreux exemples qui lui permettent de reproduire les mêmes modèles lorsqu'on y est invité.
Son utilisation devrait enrichir et enrichir, voire bouleverser, de nombreux secteurs, notamment les services juridiques, le conseil aux entreprises, la production artistique et journalistique, le design, les relations clients, les transports et l'éducation.
Alors que les individus s'essayent aux capacités de l'IA générative pour rédiger des essais et produire de l'art numérique, les entreprises se tournent déjà vers elle dans le but de stimuler la production et la compétitivité.
Les États-Unis semblent être en tête, suivis par la Chine.
L'Europe a l'ambition de nourrir ses propres champions de l'IA, comme l'allemand Aleph Alpha et le français Mistral AI.
Mais les investissements financiers massifs nécessaires au développement de l'IA à grande échelle ont amené les régulateurs à craindre que des entreprises aux poches profondes comme Microsoft, le propriétaire de Google, Alphabet, la société mère de Facebook Meta et le chinois Baidu, puissent récupérer des start-ups.
Les investissements en capital-risque dans le secteur de l'IA dans l'Union européenne ont été estimés à plus de 7,2 milliards d'euros (7,9 milliards de dollars) l'année dernière, mais il faudra encore beaucoup plus pour accroître la puissance des ordinateurs et la capacité du cloud.
L'UE est parvenue en décembre à un accord sur un texte législatif qui, une fois adopté, vise à limiter le potentiel d'utilisation abusive de l'IA – comme pour la surveillance biométrique et la manipulation comportementale – tout en favorisant l'innovation.
Bruxelles considère le projet de loi comme un modèle juridique possible pour une réglementation dans d'autres régions du monde.
Les États-Unis disposent déjà d'un décret présidentiel sur les normes de sécurité de l'IA, tandis que la Chine a mis en œuvre une loi réglementant spécifiquement l'IA générative.
La législation européenne viendrait s'ajouter à un arsenal réglementaire qui comprend déjà une loi sur les marchés numériques réprimant les pratiques anticoncurrentielles des géants en ligne.
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