L'UE dévoilera ses plans de technologie verte pour affronter les États-Unis et la Chine
L'UE dévoilera jeudi des propositions vivement débattues pour augmenter les dépenses dans les technologies propres, en surmontant éventuellement les divisions internes pour inclure l'énergie nucléaire dans le mix, afin de faire face à la concurrence industrielle croissante des États-Unis et de la Chine.
Bruxelles veut protéger les entreprises européennes en donnant la priorité aux technologies vertes, dont le solaire et l'éolien, pour plus de financement et une plus grande liberté réglementaire.
La Commission européenne, le bras exécutif de l'UE, publiera jeudi des projets de plans pour une loi sur l'industrie nette zéro afin d'atteindre son objectif ambitieux de devenir une économie "climatiquement neutre" avec zéro émission de gaz à effet de serre d'ici 2050.
La proposition devait être rendue publique mardi, mais une impasse au sein de la commission sur l'opportunité d'inclure l'énergie nucléaire, une énergie à faible émission de carbone, a retardé l'annonce. Des discussions animées étaient attendues jusqu'à la dernière minute.
Un autre projet de règlement historique sera également dévoilé jeudi qui vise à sécuriser l'approvisionnement en matières premières essentielles nécessaires pour tirer le meilleur parti des produits électriques que les consommateurs utilisent aujourd'hui, notamment les smartphones et les véhicules électriques.
La production de technologies vertes est devenue plus urgente après que les États-Unis ont dévoilé l'an dernier un programme de subventions " Buy American " de 370 milliards de dollars pour les crédits d'impôt et les subventions aux énergies propres, connu sous le nom de Inflation Reduction Act (IRA).
Les entreprises européennes ont averti que des subventions somptueuses ailleurs, parallèlement à des factures énergétiques plus faibles, pourraient attirer les entreprises du continent vers l'Asie ou l'Amérique du Nord, et les responsables de l'UE se sont plaints que l'IRA serait discriminatoire à l'égard de l'industrie européenne.
La commission a travaillé dur sur une réponse à l'IRA malgré les divisions au sein du bloc des 27 membres, certains pays plaidant pour des règles de subvention plus souples pour leur permettre de soutenir leurs propres entreprises avec des aides d'État, et d'autres opposés par crainte de déclencher une guerre des subventions.
La semaine dernière, la commission a assoupli les règles en matière d'aides d'État pour les technologies vertes et a permis aux membres d'égaler les subventions offertes dans d'autres États.
Le secteur des technologies propres devrait représenter 600 milliards d'euros (630 milliards de dollars) dans le monde d'ici 2030, soit plus de trois fois les niveaux actuels.
Selon les projets de propositions vus par l'AFP, la commission souhaite désormais qu'au moins 40% des technologies vertes soient produites dans l'UE d'ici 2030.
Cet objectif sera atteint, espère la commission, en veillant à ce que les entreprises obtiennent plus rapidement les autorisations et indique que les appels d'offres publics seraient examinés sur la base de critères écologiques susceptibles de favoriser les entreprises européennes.
Si le nucléaire est inclus comme une technologie verte, ce serait une victoire pour une douzaine de pays dont la France, bien qu'il y ait une opposition ferme de l'Allemagne anti-nucléaire.
Certains ont remis en cause les objectifs "protectionnistes" du bloc.
"Le but de cette loi et de la manière dont le projet a été rédigé n'est pas d'accélérer la décarbonation, mais il s'agit essentiellement de relocaliser la production et c'est un objectif protectionniste", a déclaré Niclas Poitiers, chercheur au groupe de réflexion Bruegel basé à Bruxelles.
"Il s'agit de s'assurer que les batteries et les panneaux solaires sont produits dans l'UE."
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a toutefois rejeté cette semaine ces allégations et a insisté sur le fait que la proposition était en fait "un acte très ouvert".
L'UE veut également répondre au besoin croissant de matières premières, dont une grande partie est actuellement importée de Chine, afin d'éviter de dépendre d'un seul pays pour un produit spécifique.
Lorsque Moscou a envahi l'Ukraine l'année dernière, l'UE a été mise à genoux par des coûts énergétiques plus élevés alors que Bruxelles se précipitait pour trouver des combustibles fossiles ailleurs qu'en Russie.
"L'approvisionnement de l'UE en matières premières est fortement concentré sur quelques pays... Cela nous rend vulnérables aux ruptures d'approvisionnement ou aux actions agressives", a déclaré le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton.
Selon les propositions divulguées, l'UE souhaite que le bloc réponde à 10% de la demande d'exploitation minière et d'extraction de matières premières.
Il indique également que l'UE ne devrait pas dépendre d'un seul pays pour plus de 70% des importations de toute matière première stratégique d'ici 2030.
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