Les pourparlers sur les pensions françaises se terminent par un "échec" avant de nouvelles manifestations
Les syndicats français ont déclaré que les pourparlers de la dernière chance avec le Premier ministre mercredi n'avaient pas réussi à apaiser les tensions sur une réforme des retraites qui divise et ont appelé à une participation record aux rassemblements de protestation le lendemain.
Le président Emmanuel Macron est confronté au plus grand défi de son deuxième mandat concernant sa refonte phare des retraites, qui comprend le relèvement de l'âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans.
Des troubles ont éclaté après que la Première ministre Elisabeth Borne a invoqué le 16 mars un décret exécutif controversé pour faire passer le projet de loi au parlement sans vote malgré des mois de protestations de masse contre celui-ci.
Les syndicats avaient averti avant la réunion de mercredi avec Borne qu'ils se précipiteraient si elle refusait de discuter du retour à l'âge minimum de la retraite de 64 ans.
"C'est clairement un échec alors que le Premier ministre ne laisse même pas passer cette discussion", a déclaré Cyril Chabanier, s'exprimant au nom des huit principaux syndicats du pays après à peine une heure de pourparlers.
Il s'agissait du premier rassemblement de ce type entre les deux parties depuis que le gouvernement a présenté le projet de loi controversé en janvier.
"Nous avons de nouveau dit au Premier ministre que la seule issue démocratique pouvait être le retrait du texte. Le Premier ministre a répondu qu'elle souhaitait maintenir le texte, une décision grave", a-t-il ajouté.
Les chefs syndicaux ont appelé les Français à descendre dans la rue et à faire grève en masse jeudi lors d'une 11e journée d'action nationale contre le projet de loi.
Sophie Binet, la nouvelle dirigeante du syndicat CGT, a appelé à davantage de manifestations et de grèves.
"Nous devons continuer à nous mobiliser jusqu'au bout, jusqu'à ce que le gouvernement comprenne qu'il n'y a pas d'autre issue que de retirer cette réforme", a-t-elle déclaré.
"Nous ne pouvons pas passer à autre chose tant que cette réforme n'est pas abrogée."
La manifestation de jeudi précède le Conseil constitutionnel du pays qui donnera son dernier mot sur les modifications des retraites le 14 avril, dernière étape avant leur promulgation.
"Nous vivons une grave crise démocratique", a déclaré Laurent Berger, responsable du syndicat centriste CFDT.
"Nous en appelons à la sagesse du conseil constitutionnel... Notre démocratie a besoin d'apaisement, et cet apaisement serait pour que le texte ne soit pas appliqué", a-t-il dit.
Macron est en visite en Chine pour le reste de la semaine, où un assistant a nié qu'il y ait eu une "crise démocratique" en France malgré l'échec de la réunion.
"On ne peut pas parler de crise démocratique quand le projet de loi a été promulgué, expliqué au public et que le gouvernement en assume la responsabilité", a déclaré l'assistant, sous couvert de l'anonymat.
Le gouvernement a fait valoir que les changements sont nécessaires pour empêcher le système de retraite de sombrer dans le déficit. Dans le reste de l'Europe, la plupart des gens prennent leur retraite à la fin de la soixantaine, car l'espérance de vie a augmenté.
Les critiques disent que la réforme des retraites est injuste pour les travailleurs occupant des emplois difficiles qui commencent leur carrière tôt, ainsi que pour les femmes qui interrompent leur vie professionnelle pour élever leurs enfants.
Les manifestations depuis janvier ont été en grande partie pacifiques, mais des rassemblements spontanés depuis le 16 mars ont déclenché des affrontements entre manifestants et policiers.
Des groupes de défense des droits ont accusé la police d'avoir fait un usage disproportionné de la force dans la gestion des troubles, mais le ministre de l'Intérieur a déclaré que les forces de sécurité répondaient aux radicaux "d'extrême gauche".
Un record de plus de 1,2 million de personnes ont manifesté contre la réforme dans tout le pays le 7 mars, selon les chiffres officiels, mais les chiffres ont largement diminué depuis et la participation à la grève a diminué ces dernières semaines.
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