Les groupes appelant à des règles de transport plus propres ont qualifié cela de déception
Les groupes appelant à des règles de transport plus propres ont qualifié cela de déception AFP

Les pays membres de l'UE ont adopté lundi un accord édulcoré sur la réduction des émissions des voitures, après que les constructeurs automobiles se sont plaints que des mesures plus strictes pourraient nuire aux investissements dans les véhicules électriques.

Menés par la France et l'Italie, les 27 pays ont voté pour un plan moins ambitieux que celui présenté par la Commission européenne en novembre 2022, visant à préserver la compétitivité dans un secteur européen dont dépendent 14 millions de travailleurs.

L'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), le principal groupe de pression du secteur au sein de l'UE, a accueilli avec prudence la décision relative à la prochaine itération des règles sur les émissions des voitures dans l'UE, connue sous le nom de norme Euro 7.

Mais les groupes réclamant des règles de transport plus propres ont qualifié cela de déception.

Il s'agit d'une "occasion manquée", a déclaré l'Association pour le contrôle des émissions de Catalyst, tandis que la Fédération européenne des transports et de l'environnement l'a qualifié de "greenwashing".

La norme Euro 7 succédera à la norme Euro 6 déjà en place à partir de 2025 et s'appliquera à tous les véhicules routiers.

La position des États membres de l'UE n'est toutefois pas définitive.

Le texte final qui deviendra la législation européenne doit encore être négocié avec le Parlement européen, qui n'a pas encore arrêté sa position.

La Commission européenne avait souhaité que l'Euro 7 réduise considérablement les émissions d'oxyde d'azote et de particules fines des véhicules, soulignant que la pollution de l'air est responsable de 70 000 décès par an dans l'Union européenne.

Mais les constructeurs automobiles ont hésité, craignant les coûts supplémentaires liés à la mise en conformité des véhicules à moteur à combustion, à un moment où ils dépensent des milliards dans la fabrication de voitures électriques face à la concurrence féroce de Tesla et des entreprises chinoises.

Leur pression pour que l'UE lève le pied sur des normes toujours plus strictes a été entendue par la France et l'Italie, qui se sont opposées plus tôt cette année à des normes d'émissions strictes.

La Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie ont également adhéré à cette position.

Mais l'Allemagne affirme qu'une norme Euro 7 plus légère était nettement moins ambitieuse. Son secrétaire d'État chargé du climat et de l'économie, Sven Giegold, s'est plaint du fait qu'à bien des égards, il " s'en tient essentiellement à la norme Euro 6 ".

La proposition de compromis adoptée a été élaborée par l'Espagne, qui assure actuellement la présidence de l'UE, c'est-à-dire qu'elle préside la plupart des réunions ministérielles conjointes du bloc.

Même si le texte proposé laisse fondamentalement inchangées les normes Euro 6 sur les émissions et les limites d'essai pour les voitures particulières et les véhicules utilitaires légers, il appelle néanmoins à un seuil plus strict pour les véhicules lourds.

Et, pour la première fois en Europe, il vise également à limiter les émissions de particules produites par les pneus et les freins.

Le ministre français de l'Industrie, Roland Lescure, a défendu le texte adopté.

"Comme nous avons décidé ensemble de nous éloigner des moteurs à combustion, il n'est pas totalement nécessaire d'imposer davantage de réglementation", a-t-il déclaré.

L'Union européenne entend mettre fin à la vente de voitures neuves fonctionnant à l'essence ou au diesel à partir de 2035, alors que l'industrie s'oriente de plus en plus vers des modèles électriques plus propres.

La transition fait partie d'une ambition globale de l'UE vers un continent neutre en carbone d'ici 2050.