Les ministres de l'UE replongent dans la querelle sur les débarquements de migrants
Les ministres de l'UE se sont réunis jeudi pour se disputer une fois de plus sur qui devrait assumer la responsabilité des migrants arrivant en Europe, pointant du doigt une Italie réticente.
L'année dernière, les demandes d'asile dans l'UE ont atteint un niveau jamais vu depuis la crise des réfugiés de 2015-2016, exacerbant les tensions de longue date entre les États membres.
Les pays dont les côtes méditerranéennes sont exposées aux arrivées d'Afrique et du Moyen-Orient, comme l'Italie et la Grèce, exigent que d'autres États accueillent davantage de migrants.
Le sujet devait dominer une réunion des ministres de l'Intérieur à Bruxelles jeudi alors que le bloc fait un nouvel effort cette année pour réformer le système d'asile.
Avant les pourparlers, plusieurs ministres ont exhorté l'Italie à respecter le soi-disant règlement de Dublin en vertu duquel les migrants en situation irrégulière doivent être enregistrés dans le pays de l'UE où ils entrent pour la première fois.
L'Italie, dirigée par sa nouvelle première ministre d'extrême droite Giorgia Meloni, a temporairement suspendu les règles en décembre, invoquant des "raisons purement techniques" liées à des centres d'accueil surchargés.
Des pays méditerranéens comme l'Italie soutiennent que les règles sont une charge excessive, car les personnes qui arrivent veulent souvent déménager et vivre dans d'autres États membres de l'UE comme la France ou l'Allemagne.
"On voit que le règlement Dublin est devenu complexe, il ne marche presque plus avec certains pays, notamment l'Italie", a déclaré le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
Une dispute a éclaté entre la France et l'Italie en novembre après que Rome ait refusé d'autoriser l'accostage d'un navire de sauvetage appelé Ocean Viking, exploité par une ONG française.
Les tensions se sont quelque peu apaisées, mais Rome résiste toujours au retour des migrants qui ont débarqué sur son sol mais ont poursuivi leur route vers le nord.
"Même avant la crise de l'Ocean Viking que nous avons eue avec l'Italie, l'Italie reprenait une personne sur 10", a déclaré Darmanin. "Nous devons donc évidemment nous améliorer sur cette question."
La ministre suisse de la Justice, Elisabeth Baume-Schneider, a exhorté l'Italie à respecter les règles.
"Je ne suis pas la seule à dire qu'il faut maintenir le dialogue avec l'Italie et demander à l'Italie de respecter le pacte de Dublin", a-t-elle insisté.
La Suisse n'est pas membre de l'UE mais fait partie des règles de Dublin.
La ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, a blâmé "les États qui ne veulent pas réadmettre" les demandeurs d'asile pour le différend.
"Je vais essayer de faire en sorte que les Etats soient conscients de leur responsabilité. C'est la loi, ils sont obligés de se réadmettre. Je vais le leur rappeler très fortement aujourd'hui", a-t-elle déclaré.
La France, l'Allemagne et la Suisse ont signé mercredi une déclaration commune avec l'Autriche, la Belgique, le Danemark et les Pays-Bas exprimant leur inquiétude concernant les demandeurs d'asile venant dans leur pays des pays de l'UE dans lesquels ils sont arrivés pour la première fois.
Ils ont appelé au respect des règles existantes et "réaffirmé leur engagement à réformer structurellement" le règlement de Dublin.
En janvier, les ministres ont voulu se concentrer sur la manière d'accélérer le processus de retour des migrants sans papiers dans leur pays d'origine en cas d'échec de leur demande d'asile.
Le gouvernement belge a annoncé jeudi un projet de loi de réforme des procédures d'asile qui vise principalement à accélérer la rotation des centres d'accueil existants et à libérer des places occupées par les demandeurs déboutés.
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