escroquerie financière
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Le procès du Madoff de Maine-et-Loire qui s'ouvre à Paris, nous rappelle qu'en matière d'arnaques financières, les recettes sont toujours les mêmes !

En 2011, à 29 ans, Guillain Méjane promet, sur la plaquette de sa société de gestion de fonds, des "placements à haut rendement", et des intérêts à 11 %, via un fonds spéculatif, NFT, basé à Hong Kong.

Il est aujourd'hui accusé d'escroquerie et de fourniture illégale de services de conseil en investissement à des tiers. Il est aussi soupçonné d'avoir concouru à des opérations de blanchiment de fraude fiscale. Quinze millions d'euros d'investissements se sont envolés.

Au total, il y a plus de 50 victimes. Pour sa clientèle, cet homme aux allures de gendre idéal mise sur les réseaux en Anjou de son ami d'enfance et associé, Gaëtan Odart de Rilly d'Oysonville, ou bien sur ses propres amis.

Comme tous les escrocs, les deux hommes ont joué sur des mécanismes psychologiques simples. La confiance et l'esprit de classe, tout d'abord.

Ces deux fils de bonne famille vont surtout viser des personnes issues de l'aristocratie angevine, comme cette femme handicapée, qui ne reverra jamais les 25 000 euros qu'elle a placés. "C'est vraiment un jeune homme très bien élevé, avec beaucoup d'esprit. Il a un sourire d'enfant, complètement craquant. Il est la caricature de l'escroc", raconte-t-elle au tribunal.

Voitures de luxe, montres de luxe, yacht... Guillain Méjane a compris que mieux que quiconque l'adage " on ne prête qu'aux riches ". Loin d'inquiéter ces clients, ce train de vie fastueux était, pour eux, la meilleure preuve de la qualité de ses investissements.

Ensuite, il joue sur une défiance naturelle vis-à-vis des banques et des institutions, coupables de ne pas faire profiter à leurs clients des placements les plus intéressants.

Enfin, il mise sur l'appétit pour des actifs exotiques aux mécanismes complexes, mais aux rendements forcément intéressants.

Les escrocs surfent sur les modes. Depuis la création en 2017 d'une liste noire concernant les offres de biens divers non autorisées, le gendarme de la bourse, l'AMF, a ainsi inscrit près de 400 adresses de sites sur cette liste qui concernait tout d'abord les diamants et qui s'est ensuite étendue à des offres d'investissement en cheptel bovin, vins et champagnes notamment. Plus récemment, les offres se sont portées sur les NFT, les cryptomonnaies, les placements verts (hydrogène, panneaux solaires, etc.).

Les voyous de la finance savent aussi, mieux que personne, jouer sur le fameux effet FOMO, pour Fear of missing out. La peur de passer à côté d'un placement avantageux.

Oubliant tout réflexe de prudence, les investisseurs se laissent ensuite bercer par les annonces de rendements, dopés par l'effet magique de la capitalisation, "la plus grande découverte scientifique de tous les temps ", selon Albert Einstein. 100 euros investis pendant 10 ans, à 15 % de rendement vous permettent de multiplier votre investissement par 4 ! Magique ! À condition de ne jamais récupérer votre argent.

Pour les plus méfiants, ceux qui veulent " toucher " leurs intérêts, les aigrefins mettent généralement en place une " pyramide de Ponzi ", ou les intérêts sont payés avec les sommes versées par les nouveaux investisseurs. Imparables.

Loin de ne toucher que des investisseurs crédules, les arnaques financières sont très répandues.

Selon une enquête de l'AMF, 15 % des répondants disent avoir déjà été victimes d'une escroquerie sur un placement financier, et parmi eux, 35 % des moins de 35 ans, contre 6 % des 55 ans et plus. " On ne peut qu'être frappé par le nombre de Français qui disent avoir été victimes d'une escroquerie financière : 15 %, et 35 % chez les jeunes, c'est considérable ! Je mets particulièrement en garde les plus jeunes contre les informations et offres qui circulent sur les réseaux sociaux, parfois relayées par des influenceurs. Attention aux arnaques ! Un investissement doit être mûrement réfléchi et il faut s'informer en lisant les documents réglementaires et en allant sur notre site web, " a déclaré la présidente de l'AMF, Marie-Anne Barbat-Layani.