Lentement mais sûrement, l'ancien Premier ministre français se dirige vers la présidentielle
Son apparence physique transformée mais gage largement de continuité avec le régime du président Emmanuel Macron, l'ancien Premier ministre français populaire Edouard Philippe prépare le terrain pour sa candidature à la présidence en 2027 face à un défi de plus en plus sévère de la figure de proue de l'extrême droite Marine Le Pen.
Philippe a été omniprésent en France la semaine dernière, donnant une multitude d'interviews aux médias et publiant son dernier livre, décrivant des positions bien au-delà de ses attributions actuelles de maire du port nord du Havre.
Mais les Français ont vu un homme désormais presque physiquement méconnaissable du premier ministre qui a dirigé le gouvernement de 2017 à 2020, notamment au plus fort de la première phase de la pandémie de Covid-19. Des problèmes de peau font que Philippe, qui arborait autrefois une barbe foncée et touffue, est désormais presque complètement chauve.
Même si la course à l'élection de 2027 est encore loin, des bousculades intenses ont déjà eu lieu au sein de la faction centriste de Macron étant donné que le président lui-même n'est pas autorisé à briguer un troisième mandat consécutif et que les sondages indiquent que Le Pen a sa meilleure chance de remporter l'Elysée.
Un sondage réalisé cette semaine par Harris Interactive de Toluna pour le magazine Challenges a montré que Le Pen remporterait le premier tour des élections présidentielles quel que soit le scénario. Du côté des pro-Macron, seuls Philippe ou le ministre des Finances Bruno Le Maire se qualifieraient pour le second tour devant le candidat d'extrême gauche Jean-Luc Mélenchon.
"Un homme politique qui s'approche de vous et vous dit 'La prochaine élection présidentielle ? On n'y pense pas du tout !' c'est un mensonge", a déclaré Philippe à la télévision TF1 dans l'une de ses nombreuses interviews cette semaine.
Philippe, dont le parti politique Horizons soutient Macron mais ne fait pas partie du parti Renaissance du président, n'a pas encore confirmé sa candidature. Mais il a laissé tellement d'indices que les commentateurs supposent qu'il envisage de briguer le poste le plus élevé.
"Oui, j'ai une idée assez claire de la façon dont les choses pourraient se passer pour moi", a-t-il déclaré à la radio France Inter.
Il a prévenu dans un entretien au Monde qu'une victoire de Le Pen, battue par Macron lors des deux dernières élections en 2017 et 2022, était "possible".
Philippe, qui a quitté le principal parti de droite Les Républicains (LR) pour soutenir Macron en 2017, a exposé ses positions à droite du centre et s'est notamment alarmé du fait que certains aspects de l'Islam sont "radicalement différents de ce que nous voulons faire dans notre pays". République".
Son dernier livre, "Des lieux qui parlent", "est une étape dans son projet de l'emmener sur les marches de l'Elysée", estime le quotidien Le Monde, décrivant Philippe comme un homme "avec un pied dans et un pied hors de l'Elysée". Macronie".
Philippe voudra à tout prix éviter le sort de son mentor, l'ancien premier ministre et maire de Bordeaux Alain Juppé, largement pressenti pour la présidentielle de 2017 mais qui a perdu l'investiture LR au profit de François Fillon dont la campagne a ensuite été torpillée par de faux emplois. scandale.
La Première ministre Elisabeth Borne a prévenu le gouvernement que l'élection était encore "loin", mais cela n'a pas empêché les ministres de se bousculer, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, protégé de l'ex-président Nicolas Sarkozy, ayant notamment déclaré son intention le mois dernier.
Signe des potentielles peaux de banane à venir, une plainte a été déposée auprès du parquet national des finances contre Philippe et son équipe pour détournement de fonds présumé au Havre. Il n'a pas encore commenté.
La campagne médiatique de Philippe cette semaine a permis aux électeurs de s'habituer à sa nouvelle apparence en raison de la double pathologie dont il souffre : l'alopécie, la perte de cheveux et le vitiligo, qui change la couleur de la peau.
Mais l'ancien Premier ministre, connu pour être un fanatique obsessionnel de la boxe, a insisté sur le fait que son état de santé général n'était pas affecté.
"Si les Français disent que les candidats à l'élection présidentielle doivent avoir les cheveux longs, alors je n'ai aucune chance", a-t-il plaisanté sur TF1. Mais il a ajouté : "Ma santé est excellente et j'invite tous ceux qui en doutent à venir boxer avec moi".
En fondant son propre parti, Philippe a notamment mis une certaine distance politique entre lui et Macron, qu'il se garde bien de qualifier d'ami.
Son parti compte déjà 20 000 adhérents, dont 450 maires.
"Je suis proche du président de la république", a-t-il déclaré à France Inter. "Mais je ne lui suis pas non plus tout à fait identique, ni en termes de style, ni même dans toutes ses convictions."
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