Le Sommet de Paris pour faire pression pour une réforme mondiale de la dette et du climat
Les dirigeants mondiaux se réuniront à Paris cette semaine avec l'ambition de réinventer le financement mondial pour une nouvelle ère façonnée par le changement climatique, alors qu'une cascade de crises submerge les pays endettés.
Le président français Emmanuel Macron a déclaré que le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial visait à construire un "nouveau consensus" pour atteindre les objectifs mondiaux interdépendants de lutte contre la pauvreté, de réduction des émissions de réchauffement de la planète et de protection de la nature.
Les idées sur la table vont de la taxation des transports maritimes, des combustibles fossiles ou des transactions financières aux innovations en matière de prêts et à une refonte structurelle du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.
La France affirme que le sommet de deux jours, qui débute jeudi et réunira une cinquantaine de chefs d'État et de gouvernement, était davantage une plate-forme de partage d'idées avant un groupe de grandes réunions économiques et climatiques dans les mois à venir.
En particulier, la présidence française a déclaré vendredi qu'elle souhaitait donner une "impulsion politique" à l'idée d'une taxe internationale sur les émissions de carbone du transport maritime, dans l'espoir d'une percée lors d'une réunion de l'Organisation maritime internationale plus tard en juin.
Avec la confiance dans l'approvisionnement insuffisant face aux promesses de financement climatique non tenues des pays riches, les pays en développement recherchent des progrès tangibles.
Le groupe V20 de pays en première ligne pour le climat, qui comprend désormais 58 pays membres, a déclaré que la restructuration du système financier mondial pour s'aligner sur les objectifs climatiques doit être achevée d'ici 2030.
"C'est formidable que nous parlions de l'architecture financière internationale, mais nous devons voir des échéanciers et nous n'avons pas vu ces échéanciers", a déclaré à l'AFP Sarah Jane Ahmed, responsable mondiale et conseillère financière du V20.
"Si nous commençons à faire ce genre de choses dans les années 2030, ça va être tellement plus cher et les compromis vont être beaucoup plus raides."
Les dirigeants arrivant à Paris pour défendre ce message incluent le président kenyan William Ruto et le président ghanéen Nana Akufo-Addo, ainsi que la première ministre de la Barbade Mia Mottley, qui est devenue un puissant défenseur de la réforme et prendra la parole lors de l'ouverture du sommet jeudi.
Parmi les autres participants figurent le Premier ministre chinois Li Qiang, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen et la chef de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Ajay Banga est également attendu à Paris, pour son premier rendez-vous international depuis sa prise de tête à la Banque mondiale, promettant d'embrasser le changement.
Avec moins de dirigeants de pays plus riches présents, Friederike Roder de Global Citizen a déclaré que la conférence pourrait ne pas répondre aux espoirs d'une démonstration d'unité.
"Nous avons besoin que tout le monde se rassemble", a-t-elle déclaré à l'AFP, soulignant que les grandes économies sont nécessaires pour s'accorder sur les réformes.
Les économies ont été frappées par des chocs successifs ces dernières années, notamment le Covid-19, l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la flambée de l'inflation et les impacts de plus en plus coûteux des catastrophes climatiques intensifiées par le réchauffement climatique.
Le chef des Nations Unies, Antonio Guterres, a déclaré que la pandémie et ses conséquences constituaient un "test de résistance" pour un système financier qui a été mis en place il y a près de huit décennies.
"Cela a largement échoué", a-t-il déclaré plus tôt ce mois-ci, ajoutant que 52 pays en développement sont surendettés ou proches du surendettement.
La Banque mondiale prévoit d'augmenter sa capacité de prêt de 50 milliards de dollars sur 10 ans.
La semaine dernière, il a également appelé à une réforme drastique pour réorienter des billions de dollars de subventions nuisibles et inutiles pour les combustibles fossiles, l'agriculture et la pêche vers des actions sur le climat et la nature.
Actuellement, le monde est loin d'avoir atteint son objectif de limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius au-dessus des températures préindustrielles, ce qui risque d'entraîner des coûts énormes pour la nature, les sociétés humaines et l'économie mondiale.
L'année dernière, un comité d'experts de l'ONU a déclaré que les pays en développement autres que la Chine devront dépenser plus de 2 000 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour le développement et pour répondre aux crises du climat et de la biodiversité.
Roder a déclaré qu'un signal clé du sommet de Paris serait que les pays les plus riches montrent qu'ils peuvent tenir les promesses existantes, comme l'engagement toujours non tenu de 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 pour aider les pays en développement à réduire leurs émissions et à renforcer leur résilience climatique.
L'augmentation de l'argent disponible – en utilisant potentiellement des centaines de milliards de "droits de tirage spéciaux" du FMI pour stimuler la liquidité – fait partie des appels des économies émergentes, ainsi qu'une nouvelle stratégie de prêt.
Une idée défendue par la Barbade est une clause de catastrophe afin que les remboursements de prêts puissent être suspendus pendant deux ans à la suite d'une catastrophe climatique ou d'une pandémie.
Un autre point clé du débat est l'ampleur des dettes existantes.
Cela attirera également l'attention sur la Chine, qui est devenue un important prêteur aux pays africains, mais qui s'est montrée réticente à participer au cadre commun de restructuration de la dette.
Le sommet de Paris peut faire sortir beaucoup d'enjeux "de leur créneau", estime Louis-Nicolas Jandeaux d'Oxfam, notant toutefois "un décalage entre l'ambition affichée initialement du sommet et la réalité".
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