Le chef du Parlement français bloquera l'offre de refonte des retraites
Les partis d'opposition français se sont engagés mercredi à soumettre une motion de censure contre le gouvernement après que la présidente du Parlement a déclaré qu'elle bloquerait une tentative d'abroger une refonte impopulaire des retraites qui a relevé l'âge de la retraite.
La loi portant l'âge de la retraite de 62 à 64 ans a été promulguée après des mois de manifestations de masse via un mécanisme constitutionnel controversé qui a permis au gouvernement d'éviter un vote à l'Assemblée nationale de la chambre basse.
La présidente Yael Braun-Pivet, qui est du parti centriste du président Emmanuel Macron mais qui est officiellement neutre, a confirmé qu'elle rejetterait pour des raisons constitutionnelles l'offre d'introduire une nouvelle législation, exaspérant ses partisans.
S'adressant à la télévision BFM, elle a déclaré qu'un amendement proposé par la petite faction LIOT au parlement et soutenu par les partis de gauche serait déclaré "irrecevable".
Elle faisait allusion à l'article 40 de la constitution, qui interdit les propositions législatives des députés qui alourdiraient les finances publiques.
Inverser l'augmentation de l'âge de la retraite, la mesure clé de la réforme des retraites durement combattue par Macron, ajouterait des milliards aux dépenses publiques, a-t-elle déclaré.
"On ne tord pas la constitution pour plaire à l'opposition", a déclaré le porte-parole du gouvernement Olivier Veran.
LIOT a qualifié la décision du président "d'attaque sans précédent contre les droits du parlement".
Mathilde Panot, haut responsable du parti d'extrême gauche La France insoumise (LFI), a déclaré que son groupe déposerait une motion de censure et que des discussions avec des partenaires étaient en cours sur la tactique à adopter.
Le législateur principal du parti socialiste Boris Vallaud a déclaré que différents groupes débattaient de la question, tandis que le chef du LIOT, Bertrand Pancher, a déclaré que ses députés décideraient de leur réponse plus tard mercredi.
La dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen a tweeté que Braun-Pivet "piétinait la constitution" dans un "déni de démocratie", mais son parti le Rassemblement national (RN) ne s'était pas prononcé en faveur d'une motion de censure.
Les opposants à la réforme des retraites avaient vu la manœuvre parlementaire de LIOT comme leur dernier espoir de contrecarrer les changements, après avoir déjà essayé et échoué avec un recours devant la Cour constitutionnelle française.
Des observateurs ont déclaré que le gouvernement minoritaire de la Première ministre Elisabeth Borne risquait de perdre un vote sur la législation LIOT, les partis de gauche, l'extrême droite et certains députés de centre droit étant prêts à voter contre l'exécutif.
Panot a déclaré que la décision de Braun-Pivet était un aveu de "peur" et l'a accusée de ne pas avoir respecté la neutralité de son poste.
Cette décision a conduit à des accusations selon lesquelles Macron bafouait la démocratie et l'opinion publique françaises, avec environ les deux tiers des électeurs opposés aux changements, selon les sondages.
Une enquête du groupe Elabe pour la télévision BFM publiée mercredi indique que 71% des Français souhaitent que l'amendement LIOT soit discuté et voté, 64% souhaitant son adoption.
Le reste du texte - dépouillé de son article clé - peut encore être débattu jeudi au parlement.
Une manifestation nationale contre la réforme mardi était la 14e mais la plus petite à ce jour, car le mouvement semble s'essouffler.
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