Le gouvernement déploie 7 000 soldats après le meurtre d'Arras
La France a annoncé samedi qu'elle déploierait 7 000 soldats après avoir déclaré une alerte de haut niveau suite à l'assassinat mortel d'un enseignant par un homme d'origine tchétchène, qui a également grièvement blessé trois autres personnes dans une école.
L'attaque a eu lieu à Arras, dans les Hauts-de-France du pays.
La police a arrêté l'agresseur présumé, Mohammed Moguchkov, qui avait crié la phrase arabe " Allahu akbar ! (Dieu est le plus grand), selon les éléments préliminaires de l'enquête.
Les autorités ont suggéré un lien probable avec les violences en cours au Moyen-Orient, le président Emmanuel Macron dénonçant l'incident comme un acte de " terrorisme islamiste ".
Le déploiement des militaires de l'opération Sentinelle sera achevé d'ici lundi soir, selon l'Elysée.
Sentinelle est une opération militaire française comptant 10 000 soldats et 4 700 policiers et gendarmes déployés depuis les suites des attentats de janvier 2015 pour protéger les régions du pays jugées sensibles au terrorisme.
"Cette école a été frappée par la barbarie du terrorisme islamiste", a déclaré Macron après avoir visité l'école, ajoutant que la victime avait "probablement sauvé de nombreuses vies" grâce à son courage pour bloquer l'agresseur.
Macron a déclaré qu'une autre tentative d'attaque à Limay, en région parisienne, avait été déjouée par les forces de sécurité.
Selon le ministère de l'Intérieur, le président faisait référence à l'arrestation d'un homme "radicalisé", arrêté à la sortie d'une salle de prière des Yvelines à Paris pour port d'arme prohibé.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a déclaré plus tard qu'il y avait "probablement un lien entre ce qui se passe au Moyen-Orient et cet incident" à Arras.
La France a relevé son niveau d'alerte au plus haut niveau à la suite d'une réunion cruciale sur la sécurité présidée par Macron vendredi, a indiqué le bureau du Premier ministre à l'AFP.
Au total, huit personnes étaient en garde à vue vendredi, a indiqué une source policière.
Outre l'agresseur, plusieurs membres de sa famille ont été arrêtés "pour les besoins de l'enquête", dont un de ses frères et sa sœur, ont indiqué d'autres sources policières.
Le parquet national antiterroriste a annoncé avoir ouvert une enquête.
Mogoutchkov, âgé d'une vingtaine d'années, est originaire de la région russe du Caucase du Sud, à majorité musulmane, en Tchétchénie. Il figurait déjà sur une fiche nationale française connue sous le nom de "Fiche S" comme menace potentielle pour la sécurité, a indiqué à l'AFP une source policière, et était sous surveillance électronique et physique par la DGSI, l'agence de renseignement intérieur française.
La victime, un professeur de français, a été poignardée à la gorge et à la poitrine.
Parmi les blessés figurent un agent de sécurité de l'école, qui a été poignardé à plusieurs reprises et qui se bat pour sa vie, ainsi qu'un enseignant dans un état moins grave, a ajouté la source.
Un nettoyeur a également été blessé, selon le procureur antiterroriste Jean-François Ricard.
Aucun élève de l'école n'a été blessé, a indiqué une autre source policière.
L'attaque intervient près de trois ans jour pour jour après la décapitation, le 16 octobre 2020, de l'enseignant Samuel Paty, également par un Tchétchène, près de son école en banlieue parisienne.
"Trois ans après l'assassinat de Samuel Paty, le terrorisme frappe à nouveau une école et dans un contexte que nous connaissons tous", a déclaré Macron.
La police affirme que le frère de Mogoutchkov, âgé de 17 ans, a été arrêté à proximité d'une autre école.
Les élèves et les enseignants ont été confinés dans l'enceinte de l'école avant d'être autorisés à sortir dans l'après-midi.
Un large cordon de sécurité a été mis en place autour de l'école où les parents étaient rassemblés, et la police, les pompiers et les secours ont été déployés, ont rapporté des journalistes de l'AFP.
Martin Dousseau, professeur de philosophie témoin de l'attaque, a décrit un moment de panique pendant la récréation, lorsque les écoliers se sont retrouvés nez à nez avec l'homme armé.
"Il s'en est pris au personnel de la cantine. J'ai voulu descendre pour intervenir, il s'est tourné vers moi, m'a poursuivi et m'a demandé si j'étais professeur d'histoire-géographie", a déclaré Dousseau.
"Nous nous sommes barricadés, puis la police est arrivée et l'a immobilisé."
La France a subi une série d'attentats perpétrés par des extrémistes islamistes depuis 2015, notamment les attentats-suicides et les attentats à l'arme à feu de novembre 2015, revendiqués par le groupe État islamique (EI), contre des cibles à Paris, où 130 personnes ont été tuées.
Il y a eu une relative accalmie ces dernières années, même si les responsables ont averti que la menace persistait.
Macron a déclaré jeudi dans un discours à la nation que 582 établissements religieux et culturels en France bénéficiaient d'une protection policière renforcée après l'attaque du Hamas contre Israël.
S'exprimant à Arras, il a réaffirmé le message qu'il avait prononcé lors de ce discours, demandant aux Français de "se tenir côte à côte" et de "rester unis".
Darmanin avait interdit jeudi les manifestations pro-palestiniennes en France jusqu'à nouvel ordre, au motif qu'elles "sont susceptibles de générer des troubles à l'ordre public".
Au mépris de son ordre, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées jeudi à Paris et dans d'autres villes françaises en scandant des slogans pro-palestiniens et anti-israéliens, ont constaté des correspondants de l'AFP.
La police parisienne a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants et a déclaré avoir arrêté 10 des quelque 3 000 personnes présentes.
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