JO 2024 : Qui va payer les dérapages budgétaires ?
POINTS CLÉS
- En six ans, le budget octroyé aux Jeux a bondi de près de 2 milliards d'euros
- Pour faire face à cette augmentation, Bercy ne souhaite pas "faire payer les contribuables"
- Les financements privés représenteraient 75 % du budget global de la compétition
"Les Jeux olympiques de l'année prochaine devront être les plus économes de la dernière décennie. Je veux que cet évènement planétaire ne coûte rien aux contribuables". C'est ainsi que le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire résume, à l'occasion d'une conférence de presse organisée à Bercy ce jeudi 5 octobre, sa principale ambition pour l'organisation de Paris 2024. En l'espace de six années, le budget octroyé aux compétitions olympiques et paralympiques a bondi de près de 2 milliards d'euros. En effet, au moment du dépôt en 2017 du dossier de candidature de la France, le budget global des Jeux était estimé à 6,8 milliards d'euros. Celui-ci a, depuis, été revu à la hausse, atteignant à présent les 8,8 milliards d'euros.
Deux structures financent les JO de Paris 2024 : la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) et le Cojop (comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques). Tandis que le budget prévisionnel de la première est, actuellement, estimé à 4,49 milliards d'euros, le second dispose des 4,38 milliards d'euros restants. Concernant le budget du Cojop, la Cour des comptes a, dans un rapport publié en juillet dernier, relevé une différence de près de 600 millions d'euros entre les estimations de 2018 et celles d'aujourd'hui. Dans le rapport, l'instance présidée par Pierre Moscovici explique que "les deux tiers de cette augmentation proviennent, non pas d'une dérive en gestion ou une évolution inconsidérée du projet, mais d'une sous-estimation évidente du budget de candidature et d'une méconnaissance de la complexité du cahier des charges du Comité international olympique". L'autre tiers de la hausse du budget - soit près de 200 millions d'euros - s'explique par le contexte inflationniste.
Les organisateurs de Paris 2024 tentent de se défendre - ou de se consoler - en rappelant qu'aucun pays hôte de la compétition n'est parvenu, au cours des dernières éditions, à respecter le budget initial. Tandis que Londres 2012 avait finalement coûté l'équivalent de 11 milliards d'euros (contre 4,8 milliards selon les estimations initiales), le budget des JO de Rio 2016 avait, in fine, atteint... 36 milliards d'euros, soit 4 fois plus que prévu ! À dix mois de l'ouverture de la compétition, le cabinet de Bruno Le Maire reste, malgré tout, "tout à fait confiant en ce qui concerne le bon usage des deniers publics".
75 % du budget financés par le secteur privé
Pour pallier la hausse du budget de Paris 2024, l'État a opté pour la privatisation du financement. "Afin d'atteindre notre objectif de proposer des Jeux olympiques les plus économes possibles, nous avons décidé de limiter au maximum les contributions publiques. Il faut beaucoup d'argent privé et peu d'argent public et cela doit nous servir de modèle pour beaucoup d'autres projets. Ainsi, la part de financement de l'État s'élève à seulement 25 %", explique Bruno Le Maire. Les 3/4 du budget global devraient ainsi être assurés par les entreprises privées.
Pour la Solideo, la part de financements privés est, à peu près, égale à celle des financements publics (État et collectivités territoriales réunies). Le budget du Cojop est, quant à lui, quasiment exclusivement géré par les entreprises privées. Sur les 4,38 milliards d'euros, seuls 171 millions d'euros sont financés par l'État et les collectivités territoriales. La billetterie et hospitalités (1,423 milliard d'euros), la contribution du Comité International Olympique et les partenariats (1,238 milliards d'euros), ainsi que les sponsors (1,226 milliard d'euros) caractérisent une grande partie du budget de la structure.
"Les Jeux doivent financer les Jeux"
Selon Bruno Le Maire, l'État doit seulement financer les projets qui apporteront des retombées économiques positives sur le long terme. "Il faut uniquement se servir de l'argent public comme d'un levier pour, par exemple, la construction d'infrastructures. Nous avons dépensé 1,3 milliard d'euros pour cela", précise-t-il. Dans son rapport, la Cour des comptes estime que cet investissement gravitera plutôt autour des 3 milliards d'euros. "Pour plus de 10 milliards d'euros de retombées estimées. C'est un levier incroyable", se rassure le cabinet du ministère de l'Économie.
Comme l'avait promis le président de la République Emmanuel Macron en juillet 2022 auprès du quotidien sportif L'Équipe, aucun "impôt JO" ne sera mis en place pour assumer les dépenses de l'État liées à l'évènement : "Les Jeux doivent financer les Jeux", avait-il alors lancé.
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