Ils dénichent les futures pépites du commerce
Leur fonds Spring Invest sert de laboratoire de tendances à ses investisseurs, des institutionnels et des family offices.
C'est ce qu'on appelle toucher le pompon ! En 2020, à peine quelques mois après le lancement de leur fonds Spring Invest, et en plein confinement, Laurent Foiry et Xavier Faure dénichent une pépite. Une petite marque de bonnet, baptisée Cabaïa, qui fait le buzz sur les réseaux sociaux avec ses pompons aimantés interchangeables, vendus dans des "bars à bonnets".
"Les deux fondateurs ont tout compris du futur du commerce. Ils ont créé la première ONVB, pour omnicanal native virtual brand", explique Laurent Foiry. Aussi à l'aise sur Internet que sur les réseaux sociaux, dans leurs magasins en propre et chez les grands distributeurs (wholesale), la marque a tenu ses promesses. Elle a élargi la gamme de produits aux chaussettes, sacs, gourdes, valises, assurant une croissance forte sur chacun des trois canaux tout en renforçant la marque... pour en faire l'une des plus belles réussites du commerce omnicanal et atteindre 60 millions d'euros de chiffre d'affaires !
Trois ans plus tard, Spring Invest a revendu sa participation à Quilvest Capital Partners. Un joli coup pour un fonds d'investissement vertical qui a la conviction que c'est dans le retail tech que se cachent les futures Licornes du commerce.
Doté de 35 millions d'euros, le fonds sert de laboratoire de tendances à ses investisseurs, des institutionnels comme Bpifrance ou des assureurs ainsi que des family offices représentant des familles de la grande distribution et de la distribution spécialisée situées dans le Nord de la France et en Belgique, pour se forger des convictions dans le secteur du retail. "Nous investissons de façon opportuniste des tickets de plus ou moins deux millions au premier tour, quitte à réinvestir ensuite. Notre horizon de sortie est classiquement compris entre 4 et 5 ans", explique Xavier Faure. Les pelles et les pioches du e-commerce
Les deux fondateurs de Spring Invest ont une conviction forte : dans toute révolution, ce sont les vendeurs de pioches et de pelles qui offrent les plus forts potentiels. "Nous misons sur les acteurs de la tech dédiés au commerce, ceux qui réinventent les chaînes d'approvisionnement, les paiements, le marketing digital, mais aussi sur les nouveaux modèles de commerce, comme les marketplaces." Surtout ceux qui offrent des solutions pour renforcer les talons d'Achille du e-commerce, comme la logistique du dernier kilomètre. "Nous avons finement analysé les acteurs du "Quick commerce" (Getir, Gorillaz, Frichti, etc.) et leur promesse de livraison rapide et continue, avant de décider de ne pas mettre un pied dans ce secteur", explique Laurent Foiry.
En revanche, le gérant a misé sur Ouidrop, une jeune entreprise bordelaise qui développe une solution d'optimisation de la logistique du dernier kilomètre en automatisant la remise des colis et commandes alimentaires. "À la croisée de deux marchés en forte croissance, les relais colis et les drives, Ouidrop répond à la problématique de la remise, en main propre, de commandes e-commerce très coûteuses avec des volumes qui explosent", argumente Laurent Foiry, en présentant fièrement le Dropper, une consigne robotisée tout opérateur qui permet d'automatiser le dépôt et le retrait de 1 500 colis.
Mais pour le gérant, le segment le plus prometteur reste le digital. Spring Invest fait partie du tour de table de Dataïads, une plateforme spécialisée dans la génération d'expérience client pilotée par l'IA pour l'e-commerce. Reste que le sujet qui l'excite le plus est le, très mal nommé, "retail média", qui n'est ni du retail, ni un média. "Il s'agit de l'ensemble des dispositifs de communication présents chez un distributeur sur le parcours de courses des consommateurs, en magasin ou en ligne", explique-t-il. Il permet aux enseignes de monétiser, de façon très rentable, leur audience et aux marques de mieux cibler les clients exposés à leurs contenus. "Avec la fin des cookies tiers, prévue pour 2024, et la flambée des coûts de la publicité en ligne, le sujet est devenu prioritaire chez tous les distributeurs", assure Laurent Foiry qui pense avoir misé sur l'un des acteurs les plus performants du secteur, Mediarithmics.
Fondée en 2013, la start-up se concentre sur la monétisation des audiences. Elle développe une solution SaaS qui ne repose pas sur les cookies mais sur une customer data platform (CDP) qui permet de collecter, analyser et gérer en temps réel les données clients. La société travaille notamment avec toutes les enseignes du groupe Mulliez (Auchan, Boulanger, Decathlon, etc.). Pour accélérer son développement, Mediarithmics vient de faire l'acquisition d'Easyence, une technologie française spécialisée dans le retail marketing et servant des clients tels que Système U, Cora, Franprix, Sarenza, Intersport, But ou Cultura. Ni le montant ni les conditions du rachat n'ont été officiellement précisés. Même si le montant de 350 000 euros circule dans le milieu. Le nouvel ensemble devrait dépasser les 12 millions d'euros de revenus récurrents. La société ambitionne, au travers de cette opération, de séduire de nouveaux investisseurs qui pourraient injecter plus de 10 millions d'euros dans les prochains mois. Un futur jackpot pour Spring Invest ?
Côté marques ou distributeurs, les deux gérants avouent rester en retrait, pour l'instant. Pour autant, ils croient beaucoup dans le développement de la "seconde main" et dans les startups qui seront capables de trouver un modèle industriel pour vendre de l'occasion. Pour l'instant, ils accompagnent la marketplace Smala, spécialisée dans les vêtements pour enfants, qui restent les plus grands fans de pompons.
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