Le glyphosate est l'un des désherbants les plus utilisés au monde, mais les critiques soulignent les preuves selon lesquelles il pourrait provoquer le cancer.
AFP

Les agriculteurs ont gagné ! Enfin, les plus gros, ceux représentés par la FNSEA qui réclament à corps et à cris la fin des réglementations et des directives européennes, au nom d'un productivisme, censé leur permettre de rivaliser avec leurs concurrents.

Bruxelles renonce donc à sa future loi sur les pesticides enlisée depuis des mois. " La Commission a proposé le règlement SUR dans le but louable de réduire les risques des produits phytopharmaceutiques. Mais la proposition est devenue un symbole de polarisation. Elle a été rejetée par le Parlement européen. Il n'y a plus de progrès non plus au Conseil. C'est pourquoi je proposerai au collège des commissaires européens de retirer cette proposition ", a déclaré la présidente de la Commission européenne. Ce texte très controversé visait à réduire de 50 % l'utilisation des pesticides d'ici à 2030 dans le cadre d'un plan visant à rendre l'agriculture plus durable. Il a depuis déchaîné les passions, les agriculteurs redoutant la baisse de leurs rendements agricoles et de ne pas pouvoir trouver de substituts.

Les barrages de tracteurs et le fumier auront donc eu raison de nos politiques qui auraient aussi peut-être dû jeter un coup d'œil du côté de Philadelphie, aux États-Unis. Monsanto, la filiale du géant allemand Bayer, vient d'y être condamnée par le jury d'un tribunal de Philadelphie à verser 2,25 milliards de dollars de dommages et intérêts à un homme qui accusait le désherbant Roundup d'être à l'origine de son cancer. Le demandeur affirmait que son lymphome non-hodgkinien, un cancer du système lymphatique, était lié à l'utilisation du Roundup, dont le principe actif est le glyphosate. Bayer conteste la nocivité du glyphosate.

Coups de boutoir contre la loi ZAN

Dans le même temps, les coups de boutoir s'accélèrent contre la loi ZAN, coupable de compliquer la vie des petits maires de nos campagnes et des promoteurs immobiliers. La loi "Climat et résilience" du 22 août 2021 a posé un objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) à l'horizon de 2050 pour mieux prendre en compte les conséquences environnementales lors de la construction et de l'aménagement des sols, sans pour autant négliger les besoins des territoires en matière de logements, d'infrastructures et d'activités. Seulement voilà, elle serait, en partie, responsable de la crise du logement. Un baromètre réalisé par un réseau immobilier a calculé que la loi ZAN va soustraire 113 000 hectares de terrain constructibles, d'ici 2030. Autant de surface en moins pour loger les Français et développer les territoires. 20 villes sont particulièrement touchées, avec, en tête de liste, les très attractives Toulouse, Bordeaux et Nantes.

Les mêmes villes qui réfléchissent à se soustraire à la loi qui met en place des ZFE, des zones à faibles émissions. Après Rouen, qui a annoncé mi-janvier que ses habitants devraient échapper au couperet de l'interdiction des véhicules Crit'Air 3 (voitures à essence immatriculées avant le 1er janvier 2006 et diesel immatriculées avant le 1er janvier 2011) début 2025, c'est au tour de Marseille de monter au créneau. " J'ai décidé de ne pas mettre en application le Crit'Air 3, qui devait entrer en vigueur le 1er janvier 2025 à Marseille. Je le reporte sine die. Il faut du temps, il faut être plus tolérant ", a annoncé dimanche Martine Vassal, la présidente divers droite de la métropole Aix-Marseille-Provence, dans un entretien à " La Tribune Dimanche ".

Dans le même temps, la maire de Paris a obtenu un blanc-seing pour chasser les véhicules SUV de la Capitale, en utilisant un outil de démocratie qui laisse rêveur. Ouf ! L'honneur est sauf. La France avance vers la transition vers une économie décarbonée à grands pas.