Comment la France se met au vélo de société

Alors que le vélo gagne en popularité en France, de plus en plus d'entreprises proposent à leurs salariés d'abandonner la voiture au profit d'une alternative plus verte et plus saine : le vélo d'entreprise.

Le nombre de déplacements domicile-travail à vélo a augmenté de 15 % en 2022, en partie grâce aux vélos électriques, à la pandémie de Covid et aux mesures visant à rendre le vélo plus accessible aux salariés.

Pour Rémi Tricaud, 44 ans, qui travaille dans une entreprise informatique près de Lyon, la perspective était si séduisante qu'il a décidé d'abandonner complètement sa voiture.

Il a déclaré que son ancien trajet lui prenait souvent 40 minutes, "alors que maintenant, même quand il pleut, je suis tout le temps à 20 minutes".

"Quand on connaît le chemin, on peut passer par des endroits sympas", a-t-il ajouté.

L'entreprise pour laquelle il travaille, Coexya, dispose aujourd'hui d'une flotte de 120 vélos à disposition de ses salariés dans toute la France, contre 75 en 2021.

Tricaud paie 35 euros par mois pour louer un vélo, qui comprend une assurance et une protection antivol.

Il bénéficie également d'une indemnité de 120 euros répartie sur trois ans pour les équipements annexes comme les sacoches.

Les vélos sont tous des modèles électriques loués longue durée auprès du distributeur Cyclable et entretenus tous les trois mois sur le site de Coexya.

Tricaud a déclaré que le fait de ne pas avoir à effectuer son propre entretien était une grande incitation à prendre le guidon.

La directrice administrative et financière de Coexya, Leila Julien, a expliqué que l'entreprise utilisait le programme d'insertion professionnelle à vélo pour tenter d'attirer de nouvelles recrues.

"Nos salariés sont jeunes et n'ont pas de permis de conduire ou de voiture. Notre territoire est mal desservi en transports en commun. Et comme nous sommes dans un marché du travail très tendu, nous avons cherché à être plus attrayant", a-t-elle déclaré.

"Nous voulons que nos collaborateurs travaillent sur des projets épanouissants, et si nous pouvons leur faciliter la vie en parallèle, nous devons le faire", a-t-elle ajouté.

L'exemple d'organismes comme Coexya ne doit cependant pas faire oublier que les vélos d'entreprise constituent encore un marché relativement de niche en France, estime Louis Duthoit de la Fédération des usagers du vélo (FUB).

Alors que l'Allemagne compte un million de vélos en circulation, la France n'en compte que "10 à 20 000, selon les estimations des prestataires de services", dit-il, faisant référence aux "velos de fonction", ces vélos que les salariés louent à leur entreprise pour se rendre au travail.

Mais plusieurs start-up ont saisi l'occasion, comme Tandem, qui gère 1 000 vélos pour 80 entreprises et voit ses ventes plus que doubler chaque année depuis 2020.

Le fournisseur basé à Paris joue le rôle d'intermédiaire : il achète les vélos auprès des fabricants ou des distributeurs et les loue aux entreprises clientes, tout en négociant la livraison et l'entretien locaux.

"Le salarié a accès à un vélo d'une valeur moyenne de 2.000 à 2.500 euros, ce qu'il ne pourrait pas forcément se permettre", explique Arthur de Jerphanion, PDG de Tandem.

En plus de louer des vélos d'entreprise, de nombreux Français ont décidé d'acheter le leur, attirés par les avantages physiques et environnementaux.

"Depuis plus de 10 ans maintenant, le vélo connaît une croissance à deux chiffres", souligne Sophie Rapinel, du réseau Vélo et Territoires.

Le marché pèse plusieurs milliards d'euros et plus de la moitié des foyers français possèdent désormais au moins un vélo, selon l'Observatoire de la société et de la consommation (ObSoCo).

"J'aime beaucoup faire du vélo. Je suis sûre que c'est bien meilleur pour ma santé. La santé physique, mais aussi mentale", a déclaré Cécilia Rousselot-Denis, qui parcourt 13 kilomètres à vélo chaque jour pour aller travailler à Tours, dans le centre-ville.

"Je suis dans mon bureau fermé, mais je vois les saisons. Chaque matin, je découvre des petites choses qu'on ne prend pas le temps de voir dans la voiture. Psychologiquement, ça me fait beaucoup de bien", a ajouté le médecin. .

Mais le nombre croissant d'amateurs de vélo pose également la question des infrastructures, l'ObSoCo constatant qu'un peu moins de la moitié des cyclistes français ont accès aux pistes cyclables sur la plupart de leurs déplacements.

Un plan présenté en mai par la Première ministre française Elisabeth Borne fixe l'objectif de créer "100 000 kilomètres de pistes cyclables d'ici 2030", soit le double du nombre actuel.

Cette initiative pourrait également contribuer à l'objectif de la France de dépasser l'Allemagne en tant que première destination mondiale pour le cyclotourisme.

Les ventes générées par le cyclotourisme en 2020 ont été estimées à 4,6 milliards d'euros, selon la Direction générale des entreprises (DGE).