Charles III accueilli en France pour sa première visite en tant que roi
Le roi Charles III a entamé mercredi sa première visite d'État en France en tant que monarque, un voyage reprogrammé visant à montrer que les fondamentaux de l'alliance transmanche restent solides malgré une litanie de tensions politiques après le Brexit.
Le voyage était initialement prévu pour mars et était censé être la première visite d'État de Charles à l'étranger depuis qu'il est devenu monarque à la mort de sa mère, la reine Elizabeth II. Mais le projet a été abandonné en raison d'émeutes et de grèves généralisées dans toute la France contre la réforme des retraites.
L'itinéraire original dans la capitale Paris et dans la ville de Bordeaux (sud-ouest), rempli de cérémonies et de faste dans un pays qui a aboli sa monarchie lors de la révolution de 1789 puis exécuté le roi, est en grande partie inchangé.
Le roi et son épouse la reine Camilla ont été accueillis à l'aéroport de Paris Orly par la Première ministre Elisabeth Borne, dans un ciel d'automne immaculé, a constaté un correspondant de l'AFP.
Ils devaient ensuite être accueillis par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte au monument de l'Arc de Triomphe, dans le centre de Paris, où ils déposeront des gerbes aux morts de la guerre.
Ils monteront ensuite à bord d'une Citroën DS7 décapotable, escortés par 136 chevaux de la Garde républicaine, pour remonter les Champs-Elysées en direction de l'Elysée et s'entretenir avec Macron.
Les Macron accueilleront ensuite dans la soirée le couple royal lors d'un somptueux banquet d'État à Versailles, le palais à l'ouest de la capitale synonyme de la royauté française.
Au menu, des gourmandises dont du homard bleu cuisiné en entrée par la chef étoilée Anne-Sophie Pic, qui se dit inspirée par les goûts du " Roi Soleil " Louis XIV.
Parmi les invités au dîner dans la scintillante Galerie des Glaces figureront Charlotte Gainsbourg, l'acteur et fille de Serge Gainsbourg et Jane Birkin, Hugh Grant et l'ancien manager français d'Arsenal, Arsène Wenger.
Macron, qui a été accusé par des opposants de gauche de se comporter comme un monarque, sera probablement soucieux de garantir que l'événement se déroule sans heurts, sans faire preuve d'excès, à une époque de frugalité économique.
"Cette image, dans ce contexte, est évidemment fondamentalement néfaste pour Emmanuel Macron même s'il y a derrière elle des impératifs diplomatiques qui jouent aussi", a déclaré à l'AFP l'auteur et universitaire français Benjamin Morel.
Le président français, qui a eu affaire à pas moins de quatre premiers ministres britanniques au cours des cinq dernières années, au cours d'une période de turbulences politiques en Grande-Bretagne, est connu pour entretenir de solides relations personnelles avec Charles.
De nombreux engagements au cours du voyage reflètent l'intérêt de Charles pour l'environnement, la durabilité et la biodiversité, ainsi que pour la promotion des jeunes entrepreneurs et de la communauté.
Mais il vise également à promouvoir Charles au-delà des côtes britanniques, alors qu'il poursuit sa transition d'un héritier du trône parfois franc à un monarque.
"Il s'agit du roi Charles, qui était encore prince Charles il y a à peine plus d'un an, se plaçant sur la scène internationale en tant que personnalité publique de premier plan", a déclaré Ed Owens, historien et auteur royal.
"Nous savons qu'il va aborder certains sujets, notamment ses préoccupations concernant le climat et l'environnement, donc il joue devant le public à cet égard, mais il le fait selon ses propres conditions", a-t-il déclaré à l'AFP.
Il y a des rappels tout au long de la visite de la défunte reine, une francophile francophone qui a effectué cinq visites d'État en France au cours de son règne record de 70 ans.
L'Arc de Triomphe a été le lieu de sa cérémonie d'arrivée lors de sa dernière visite d'État en 2014.
Le premier, en 1957, elle déjeune avec le président René Coty dans la Galerie des Glaces de Versailles. Charles s'adresse jeudi aux législateurs du Sénat français, suivant à nouveau les traces de sa mère qui avait fait de même en 2004.
La reine a également passé deux jours à Bordeaux – une ancienne possession anglaise au Moyen Âge – lors d'une visite d'État en 1992.
La visite de Charles est considérée comme faisant suite aux mesures prises par le Premier ministre britannique Rishi Sunak pour rétablir les relations entre les deux voisins à la suite des tensions déclenchées par la sortie du Royaume-Uni de l'UE.
"La rapidité avec laquelle nous avons pu rétablir cette visite, grâce à une grande flexibilité des deux côtés, témoigne, je pense, de l'importance que nous accordons tous les deux à cela", a déclaré un haut responsable du gouvernement britannique aux journalistes avant la visite. .
Macron avait une relation particulièrement épineuse avec l'avant-prédécesseur de Sunak, Boris Johnson, le décrivant comme un "clown" alors qu'il faisait sortir le Royaume-Uni de l'Union européenne en janvier 2020 dans une mer d'Union Jack agitant et de rhétorique de l'exception britannique.
Par coïncidence, Charles arrive un jour après que Macron ait eu des entretiens avec le chef de l'opposition britannique Keir Starmer, dont le parti travailliste est de plus en plus confiant dans sa capacité à évincer du pouvoir les conservateurs au pouvoir.
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